Là où je me transporte
la vitalité du livre québécois
« Lire est une façon d’écouter »
– Deni Ellis Béchard
Avez-vous lu Kuei, je te salue de Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard ? Ce livre essentiel, qui a connu un succès mérité et que Frédérique Saint-Julien vous conseille dans son dossier sur la littérature autochtone que vous pourrez lire dans quelques pages, traite de racisme bien sûr, et ouvre un dialogue primordial entre deux auteurs, deux cultures. Mais il nous rappelle aussi combien « surtout, il faut s’écouter » et que « si on s’écoute, on ne peut que vivre plus pleinement dans ce monde ».
Avec la pandémie, on aurait pu craindre que les oreilles se fermeraient, que le dialogue se tarirait, que les idées et les mots seraient cloués au sol comme les voyageurs frustrés. Mais au contraire, ces deux années ont été plus que jamais celles de la lecture et d’un voyage immobile mais ô combien enrichissant. Au Québec, la lecture – mais aussi la librairie ! – ont le vent en poupe (à ce sujet je vous laisse découvrir l’article de Samuel Larochelle). La littérature d’ici connaît un regain de foisonnement, de dynamisme, de vitalité. Les lecteurs ne s’y sont pas trompés, accompagnés avec enthousiasme par les libraires, les bibliothécaires, les journalistes.
Mais comme il est réjouissant de constater combien depuis quelques années, la littérature d’ici voyage aussi à l’extérieur de nos frontières ! Cette année, plusieurs romans d’auteurs québécois ont figuré dans les sélections de grands prix littéraires français, tel Querelle, de Kevin Lambert (Héliotrope/Le Nouvel Attila), dans celle du Médicis à l’automne dernier. Les auteurs d’ici ont pu rayonner à la foire de Francfort, alors que le Canada était invité d’honneur et que les auteurs québécois ont bénéficié d’un beau coup de projecteur. Michel Jean notamment (qui a aussi remporté le prix France-Québec en 2020) a participé à de nombreuses tables rondes, fait le tour des médias, et eu l’occasion de faire entendre sa voix et sa culture innue à de nouveaux lecteurs.
Malgré la pandémie, ce bel élan d’écoute et de dialogue n’a donc pas été freiné. Je salue à cet égard le travail de toute l’équipe de Québec Édition qui a su surmonter des situations inédites et mouvementées. Elle a fait feu de tout bois pour nourrir et enrichir ce dialogue, et vous proposer au fil des mois de nombreuses activités virtuelles pour abattre les frontières et les obstacles, à travers notamment des présentations d’éditeurs, mais aussi des ateliers animés par des libraires sur des thématiques aussi variées que le féminisme, l’écologie, le livre autochtone ou le voyage.
Chers amis lecteurs, bibliothécaires, libraires, journalistes, programmateurs culturels, ce numéro est pour vous, c’est une invitation. Tournez la page, écoutez.
Florence Bisch
Directrice éditoriale du Groupe Homme
Présidente de Québec Édition