Collections | Volume 7 | Numéro 1

La maladie

Je pense que je vais bien

Pour plusieurs, lire un livre, c’est déjà bien prendre soin de soi.

Mais quand il faut faire plus, lire dans l’urgence ou dans le loisir sur le bien-être du corps ou de l’esprit, les livres nous sont souvent d’un grand réconfort, d’autres supports ne pouvant prétendre à traiter de ces sujets grands comme eux le peuvent. Être en santé, être malade, occuper un  entre-deux… Les livres d’ici en témoignent avec force et empathie, autorité et sensibilité.

L’ex-chimiste que je suis constate avec émerveillement à quel point les nouveaux ouvrages font appel à l’intelligence scientifique des lecteurs : flavonols, polyphénols et autres termes techniques y sont de plus en plus courants ! Leur succès traduit la soif d’une information factuelle et fiable, fournie par des professionnels. Ces livres offrent une explication des enjeux de santé qui touchent tout le monde, dans le monde entier, car l’expertise québécoise voyage bien. À travers des histoires de cas et des éléments graphiques hautement lisibles, on présente les découvertes les plus récentes en citant des recherches sérieuses… et en évitant de se substituer à un avis médical.

 

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Le livre informatif pratique écrit par des chercheurs, des médecins, des travailleurs sociaux ou des psychologues à l’intention du grand public est une ressource qui répond à un besoin réel. Il aide à se retrouver parmi la pléthore de renseignements provenant de sources douteuses. Alors qu’il devient souvent un livre de fond, on peut en préparer de nouvelles éditions pour tenir compte des progrès – et des échecs – de la recherche : notre compréhension de la santé et de la maladie évolue constamment.

Le phénomène des savoirs intégrés a donné naissance à des ouvrages hybrides, mariant les témoignages à l’expertise scientifique. Reconnaissant que les expériences vécues des patients constituent une information précieuse au même titre que le savoir du spécialiste, ces livres racontent la gestion de la maladie chronique, la recherche de l’équilibre, le cheminement vers le mieux-être ou l’acceptation d’un nouveau soi.

Des livres plus ouvertement didactiques, visant davantage des clientèles spécialisées, connaissent eux aussi un nouvel essor. On y interroge notamment les relations de pouvoir au sein de la relation patient-médecin, les crises de santé survenues dans différentes communautés ou la pratique de l’autocompassion chez les soignants.

À mi-chemin entre le livre informatif du spécialiste et la mise en fiction, le récit d’une maladie vécue ou accompagnée est devenu un genre très prisé. Individuels ou montés en recueil, les témoignages servent de refuge et de réconfort, sécurisent, renforcent le sentiment d’appartenir à une communauté de lecteurs tout en apportant des réponses. Des livres qui, telle une thérapie, ont le potentiel d’ouvrir la discussion. Cette écriture sur soi est difficile, car elle traite des maladies incurables, du deuil, de ce que vit un proche aidant, autant pour le lecteur que pour celle qui se raconte ; curieusement, il se trouve que ces mots font du bien autant au premier qu’à la seconde.

Ceux et celles qui chantent le corps mettront en scène tôt ou tard le corps fragilisé, le cerveau déréglé. Des romanciers et poètes jouent  avec les codes en créant des narrateurs plus ou moins fiables, peut-être plus ou moins en santé. Ils sont bien placés pour évoquer toute notre incertitude face aux délires, aux dépendances, aux psychoses. Chez nous, le poète-médecin, le poète-travailleur social ou la romancière-thanatologue nourrissent leur pratique de la fiction à partir de leur métier premier, en se permettant de poser des questions lourdes de sens de manière ludique, avec un langage précis. En littérature jeunesse, on publie des livres informatifs magnifiquement illustrés, mais aussi des contes d’enfant ou de parent malade, où l’on donne le droit au jeune lecteur de ressentir de la confusion face à la souffrance. Les auteurs et les illustrateurs abordent leur matière avec sensibilité et humour, en déployant de puissantes métaphores, qu’on parle d’albums, de romans ou de romans graphiques.

Laissons-nous aller vers ces lectures qui renseignent, qui font du bien et qui, parfois, guérissent…

Miléna Stojanac Éditrice, Groupe Librex