Si on remarque depuis quelques années l’important essor des littératures québécoises en France, il faut également souligner le dynamisme grandissant autour des œuvres initialement publiées chez des maisons d’édition québécoises dont les droits sont vendus à des maisons européennes. Pensons à l’auteur Kevin Lambert, dont les romans initialement publiés au Québec chez Héliotrope ont retenu l’attention de l’éditeur Le Nouvel Attila. En lice pour l’obtention du prix Médicis en 2021 pour son livre Tu aimeras ce que tu as tué, l’auteur s’est vu remettre en 2019 le prix Sade pour Querelle, son deuxième roman. D’ailleurs, l’année suivante, le prix a été décerné à l’autrice québécoise Marie-Pier Fontaine pour son livre Chienne, publié également chez Le Nouvel Attila, mais qui est initialement paru au Québec chez Héliotrope.
Même si les autrices et auteurs québécois ne sont pas considérés différemment des écrivains français lors de la lecture des manuscrits soumis, Lola Nicolle, codirectrice éditoriale pour la jeune maison d’édition Les Avrils, remarque que les auteurs et autrices du Québec – et par le fait même les maisons d’édition québécoises – s’autorisent de plus grandes libertés quand il s’agit de choisir la forme que prendra leur texte. Les Avrils ont publié en 2022 deux ouvrages de la romancière et essayiste féministe québécoise Martine Delvaux, Le monde est à toi et Pompières et pyromanes, des textes à la fois poétiques et politiques. Dans la même veine, le livre Maquillée, de l’autrice Daphnée B., initialement publié chez Marchand de feuilles et qui a remporté le Prix des libraires du Québec dans la catégorie « Essai », poursuit une belle carrière chez Grasset.
De nombreuses autrices publiées au Québec aux éditions Alto sont également très bien représentées chez diverses maisons d’édition françaises. L’autrice Dominique Fortier a remporté en 2020 le prix Renaudot dans la catégorie « Essai » pour son livre Les villes de papier et la suite de cet essai, Les ombres blanches, est paru chez Grasset au début de 2023. Le premier roman de Christiane Vadnais, Faunes, paraîtra en mars chez l’Atalante et Méduse, de l’autrice Martine Desjardins, paraîtra, pour sa part en août, chez le même éditeur. Du côté des Avrils, c’est le livre de Bianca Joubert L’Amérique n’est blanche qu’en hiver, initialement paru chez Alto sous le titre Couleur chair, qui a retenu l’attention et paraîtra en avril.
Selon Lola Nicolle, « le fait que des maisons d’édition de très grande qualité telles que La Peuplade ou Le Quartanier investissent le marché français, cela donne de plus en plus de visibilité et démocratise les littératures québécoises ». De plus, l’attrait du lectorat français pour les grands espaces contribue à la popularité des œuvres d’ici. D’ailleurs, Le territoire sauvage de l’âme de Jean-François Létourneau, titre paru initialement aux Éditions du Boréal, paraît en janvier aux Éditions de l’Aube.
Avec les suggestions qui suivent, vous serez à même de constater toute la vigueur et l’étendue de ces littératures.