Collections | Volume 8 | numéro 3

Article de fond

L’édition féministe pour diffuser la parole des femmes

Isabelle Boisclair

L’édition féministe prend naissance au cœur du mouvement féministe des années 1970 dans plusieurs pays occidentaux. La fondation de telles maisons d’édition marque un moment crucial dans la production et la diffusion de la parole des femmes : au moment où les textes de femmes se font porteurs d’une nouvelle parole, d’expériences et d’affects restés jusque-là inédits et que plusieurs autrices voient leurs manuscrits refusés par différentes maisons d’édition, certaines femmes entreprennent de fonder leur propre entreprise éditoriale.

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Aussi, des écrivaines peuvent désormais soumettre leurs manuscrits au jugement d’autres femmes. Dans ce sillage, deux maisons sont fondées au Québec, les Éditions de la Pleine Lune, en 1975, puis les Éditions du remue-ménage, en 1976. Toutes deux existent encore aujourd’hui ; signe que le besoin n’était pas que momentané, que ce mouvement n’était pas éphémère. Voire : la fondation de maisons d’édition féministes, en accordant une valeur à ces manuscrits autrefois dédaignés, a contribué à la valorisation des écrits des femmes, qui dès lors se sont vus plus aisément accueillis sous d’autres bannières éditoriales, comme on le constate aujourd’hui. Dans le même esprit, de plus en plus de femmes ont investi ce milieu professionnel, certaines fondant leur propre maison. Comment se portent les deux maisons ayant inscrit l’édition féministe au cœur du champ éditorial québécois « à l’heure où la production éditoriale consacrée aux femmes et au féminisme explose », selon les mots de Livres Hebdo (juillet 2021) ?

Fondées par la poète Marie Savard, qui saisit une occasion de financement dans la foulée de la déclaration de l’année internationale des femmes lancée par l’UNESCO, les Éditions de la Pleine Lune naissent littéralement de la situation décrite précédemment : un texte de Marie Savard venait d’essuyer des refus successifs ; l’autrice éprouve des frustrations devant ces refus répétés qui n’avaient, selon elle, rien de circonstanciel. Elle remarque que les comités de lecture des maisons approchées sont composés d’hommes exclusivement. Estimant que son manuscrit, à forte teneur féministe, n’a probablement pas reçu l’attention qu’il méritait, elle s’entoure d’une petite équipe et soumet une demande de subvention. Mais son ambition dépasse son expérience singulière : la maison sera un lieu de diffusion pour d’autres autrices se trouvant dans la même position qu’elle et éprouvant les mêmes difficultés à faire publier leurs manuscrits. La maison avait également à ses débuts la vocation d’animer le milieu, par des ateliers d’écriture par exemple. Marie-Madeleine Raoult participe à l’un de ces ateliers en 1976, qui débouche sur la publication d’un recueil collectif, Te prends-tu pour une folle, madame chose ? (1978), où l’on retrouve également les noms de Louky Bersianik et Denise Boucher. Quant au manuscrit de Savard, intitulé Le Journal d’une folle, il sera le premier livre publié à la Pleine Lune en 1975. Puis, l’écrivaine fondatrice perdant de l’intérêt pour l’édition, Raoult reprend les rênes, dirigeant encore aujourd’hui la maison.

Si à ses débuts elles s’affirment comme féministes, les Éditions de la Pleine Lune prennent peu à peu leur distance avec cette ligne éditoriale ainsi qu’avec le mot lui-même. « Les femmes n’ont pas attendu les maisons d’édition de femmes pour écrire. […] Par contre, les maisons d’édition de femmes, prenant une place dans l’infrastructure culturelle en posant le principe de la différence sexuelle, ont questionné et questionnent encore les fondements mêmes de notre culture au sein de laquelle la “différence” n’existe pas, le masculin y étant érigé en modèle “universel”, et le féminin, nié comme “autre”», écrivait Marie-Madeleine Raoult en 1984. En 1986, disparait la phrase-manifeste inscrite jusque-là sur chacun des livres de la maison en quatrième de couverture des livres : « tenues à distance de l’écriture aussi bien que de nos corps // les Éditions de la Pleine Lune se veulent un instrument au service de la parole des femmes tant orale que écrite en vue de cerner le non-dit de notre identité collective de femmes ». L’éditrice affirme alors : « La Pleine Lune est une maison d’édition non pas féministe, mais de littérature écrite par des femmes. » Enfin, constatant que les autrices qui publient dans cette maison d’édition sont aussi présentes chez des éditeurs de littérature générale – « Les féministes qui écrivent vont parfois publier chez les hommes, pourquoi la maison n’accueillerait-elle pas ces derniers ? » rapporte Raoult –, la maison ouvre la porte aux hommes à compter de 1992.

Si la vocation féministe s’est atténuée, elle reste tout de même au cœur du projet éditorial pour Marie-Madeleine Raoult : sur les ondes de Radio Ville-Marie, elle soutient en 2019 que la « politique éditoriale [demeure] très sensible à la condition des femmes ». Selon elle, la maison reste toujours marquée par cet engagement féministe aux yeux des intervenant·e·s du milieu et des auteur·trice·s.

Elle précise par ailleurs que les auteur·trice·s qui y publient connaissent bien l’orientation de la maison, « s’inscrivant à côté de leurs sœurs dans un esprit fraternel ». Sans récuser le passé, l’éditrice dit aujourd’hui publier des œuvres « hors de l’étiquette », une littérature qui « résiste aux classifications », tout en rappelant que les thèmes du féminin, du corps, de l’écriture et du rapport des femmes à l’Histoire traversent leurs publications. Ainsi, sans être un porte-drapeau du féminisme, la maison promeut une vision large. Aujourd’hui, le mot « féminisme » n’apparait pas sur le site web de la maison ; et si la notion d’espace dédié aux écrits des femmes semble avoir perdu sa pertinence aux yeux de l’éditrice, cela n’invalide pas la perspective éditoriale qu’elle revendique. Selon Raoult, le féminisme marque l’ADN de la maison. Aujourd’hui, ce qu’elle met de l’avant, c’est le rapport attentif et patient autour du travail du texte avec les auteur·trice·s, rapport qu’elle place au cœur de sa mission éditoriale.

Publiant autour de sept titres par année, la maison peut se targuer d’afficher de grands noms d’autrices à son catalogue ; ne citons que Marie-Claire Blais, Jovette Marchessault, Anne-Marie Alonzo, Yolande Villemaire, Janou Saint-Denis, Madeleine Ouellette-Michalska, Geneviève Letarte, Hélène Ouvrard, Esther Rochon et Jeanne-Mance Delisle, parmi d’autres. Et depuis quelques années, sans le crier sur les toits, la maison fait une belle place aux voix racisées et minorisées.

Parmi les livres de la Pleine Lune pouvant figurer dans toute bonne bibliothèque féministe, citons par exemple Ça fait pas partie d’la job, du Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement sexuel au travail (GAIHST), publié en 1996, soit, près de 25 ans avant la vague de dénonciation que le milieu littéraire a connu l’été dernier dans la mouvance du #MeToo.

Ainsi, sans être un porte-drapeau du féminisme, la maison promeut une vision large. Aujourd’hui, le mot « féminisme » n’apparait pas sur le site web de la maison.

Au rayon des romans et nouvelles, citons Aminata, de Lawrence Hill (2011), « un des plus poignants romans jamais écrits sur la condition d’esclave », selon la critique Martine Desjardins, et Ourse bleue, de Virginia Pésémapéo Bordeleau (2007), le récit d’une femme métissée qui entreprend un voyage au pays de ses ancêtres cris avec son compagnon ; celui-ci abandonne en cours de route et Victoria poursuit seule son chemin sur les traces jadis empruntées par son clan.

En poésie, Femmes des terres brûlées, (2016) de Marie-Célie Agnant, évoque la réalité contemporaine des sociétés postcoloniales qui naviguent entre misère criante et opulence indécente. Y sont abordés les thèmes de la mémoire, de l’exclusion, de la misère, du désarroi, de l’exil, de la condition des femmes et de leur combat contre l’injustice. Dans le même esprit, Hélène Lépine (2021), dans Le cœur en joue, fait entendre les voix oubliées de femmes syriennes, vivant sous les bombes meurtrières avec leurs enfants, sur les chemins d’un exil forcé.

En théâtre, l’édition récente de la pièce de théâtre sur l’avortement Nous aurons les enfants que nous voulons, créée en 1974 par le Théâtre des Cuisines, est à souligner ; il est difficile de croire que ce texte soit resté inédit jusqu’ici. Citons encore La scène québécoise au féminin. 12 coups de théâtre 1974-1988, d’Olivier Dumas (2018), un livre d’entretiens qui se penche sur l’époque effervescente du théâtre des femmes des années 1974 à 1988 en donnant la parole aux femmes qui l’ont vécue, et Femmes en scène, sous la direction d’Isabelle Doré, donnant la parole à 65 femmes membres du collectif Femmes pour l’équité en théâtre et, enfin, la publication récente de Tragédie, de Pol Pelletier (2021), qui recueille plusieurs textes de la femme de théâtre.

L’éditrice nous laisse sur un livre à surveiller à l’automne 2021 : Férocement humaines, de Vivian Vachon.

Les Éditions du remue-ménage : resolument feministes

Alors que Marie Savard provient du milieu littéraire, les fondatrices des Éditions du remue-ménage sont actives dans des groupes militants féministes, certaines au sein du Front de libération des Femmes, d’autres au Centre des femmes, d’autres encore au sein du Comité de lutte pour l’avortement. Ce seul fait suffit à circonscrire le territoire de chacune des maisons. Cela ne veut pas dire cependant que remue-ménage ne publie que des essais : la parole féministe s’y fait résonner dans tous les genres. À leurs débuts, les Éditions du remue-ménage visent à devenir le porte-parole des femmes québécoises en produisant et en diffusant des textes de féministes du Québec afin d’assurer la circulation des idées des femmes d’ici, mais également à fournir aux militantes la nourriture idéologique que constituent les textes féministes européens et américains, ces derniers à travers la traduction. Le premier texte publié chez remue-ménage provient du réseau de militantes. Parmi les groupes issus du Centre des femmes, il y a notamment le Théâtre des Cuisines, qui présente Môman travaille pas, a trop d’ouvrage !, lequel vient d’être réédité en 2020.

Là comme chez Pleine Lune, certaines fondatrices s’essoufflent au bout de quelques années ; c’est que la maison était aussi « militante », participant à divers événements féministes, dont la célébration de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars. Aussi, au tournant de 1980, ne demeurent que celles qui étaient attachées au travail éditorial, et elles se concentrent sur cette tâche. Rachel Bédard, arrivée au tout début des années 1980, y est toujours en poste et son travail a été salué en 2019 par la remise du prix Fleury-Mesplet. Depuis son arrivée, elle a vu les équipes se renouveler, mais le souci de formation de la relève est bien présent à la maison, tout comme celui d’incarner le sens du mot collectif : il n’y a pas de hiérarchie chez remue-ménage. Anne Migner-Laurin, qui s’est jointe à l’équipe en 2013, et Rachel Bédard sont toutes deux d’avis que le rôle de la maison est le même qu’à ses débuts : elles se voient un peu comme des antennes attentives aux mouvements, aux réflexions qui circulent dans l’espace féministe, qu’elles répercutent et alimentent tout à la fois. Même si l’horizon change, leur mission est la même : se faire un outil au service des voix féministes, accueillir les voix émergentes, particulièrement les voix inaudibles et invisibilisées, marginalisées dans l’espace public. Accueillir les paroles des marges, donc, même si les marges s’actualisent sans cesse. Ce qui, d’un point de vue financier, n’est pas nécessairement rentable sur le court terme, mais la maison s’emploie à bien cultiver son fonds sur un long terme. Car elles soutiennent avec autant de ferveur les autrices établies et confirmées qui trouvent là un lieu de prédilection pour inscrire leur voix. Elles se disent par ailleurs sensibles à s’adresser au grand nombre, et travaillent à trouver le public pour chacune des voix qu’elles publient.

L’éveil militant de 2012 a vu atterrir chez elles un nombre accru de propositions, ce qui leur a permis notamment de rajeunir et de diversifier aussi bien son bassin d’autrices que celui de son lectorat.

Au fil des renouvellements de générations, la pertinence de la maison se voit elle aussi renouvelée, même si la fin des années 1980 et la décennie 1990 ont été, disons, plus tranquilles. L’éveil militant de 2012 a vu atterrir chez elles un nombre accru de propositions, ce qui leur a permis notamment de rajeunir et de diversifier aussi bien son bassin d’autrices que celui de son lectorat. Justement : le lectorat s’étant largement agrandi depuis les années 1970, les manuscrits féministes sont désormais accueillis à bras ouverts par les maisons généralistes. Bédard et Migner-Laurin assurent que cela ne les affecte pas tant : voire, leur singularité s’en trouve solidifiée, puisque la maison se positionne en chef de file et est reconnue comme référence incontournable. Au-delà de sa notoriété, remue-ménage est aussi, pour beaucoup d’autrices, un safe space : après la vague de dénonciations de l’été 2020, cet aspect n’est pas à négliger. Ainsi, publier chez remue-ménage signifie que l’on s’inscrit dans un mouvement, que l’on obtient la reconnaissance de celui-ci et que l’on pose un acte de reconnaissance envers la maison.

Car elles sont spécialistes ; elles connaissent bien les enjeux liés à l’édition spécialisée, en l’occurrence dans le champ féministe. Elles suivaient de près le chantier de l’écriture inclusive avant même que le phénomène devienne une préoccupation partagée. Dans le même esprit, elles valorisent les écritures qui explorent et réinventent les codes, dans la lignée du travail sur la langue qu’accomplissait l’écriture au féminin dans les années 1970, mais sous de nouveaux éclairages.

Depuis 2019, la maison a un distributeur en France ; aussi a-t-elle vu ses ventes quadrupler en Europe francophone en 2020. Pendant une année de pandémie, alors que les médias littéraires se raréfient qui plus est, c’était bienvenu. Face à ce rapetissement de l’espace médiatique consacré aux livres et à la littérature, les éditrices admettent profiter de l’impact des réseaux sociaux, largement occupés par le féminisme. D’autant qu’elles sont elles-mêmes bien réseautées avec les écrivaines, avec les groupes militants et les chercheuses universitaires. Leur travail, disent-elles, est ainsi à la hauteur des idées et de l’effervescence de la pensée féministe, malgré la petite taille de l’équipe.

De fait, malgré de maigres ressources, elles publient entre 12 et 15 titres par an, aussi bien en littérature qu’en sciences humaines. Parmi les titres récents, soulignons Empreintes de résistance. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées, d’Alexandra Pierre, qui, comme le sous-titre l’indique, s’inscrit de façon bien actuelle dans les débats de société. Selon les éditrices, le livre constitue une bonne introduction aux enjeux féministes multiformes du temps présent. Citons également l’Anthologie de la poésie actuelle des femmes au Québec 2000-2020, dirigée par Catherine Cormier-Larose et Vanessa Bell. Le recueil présente le travail de cinquante-cinq poètes qui incarnent les mouvances de la poésie québécoise actuelle. Il fait suite, d’une certaine façon, à l’Anthologie de la poésie des femmes au Québec. Des origines à nos jours que publiaient Nicole Brossard et Lisette Girouard en 1991, mise à jour en 2003. Parmi les nouveautés de la maison, soulignons enfin l’inauguration récente de la collection « Martiales » dirigée par Stéphane Martelly, avec deux titres, Chroniques frigides de modèle vivant, de Pascale Bernardin, et Les Enragé·e·s de Valérie Bah. Les éditrices quant à elles nous invitent à surveiller la parution, à l’automne 2021, de Filles corsaires, de Camille Toffoli.

Le catalogue regorge de titres pouvant satisfaire quiconque s’intéresse au féminisme ; il faut visiter le site web de la maison pour constater que le féminisme y est conjugué aussi bien avec les violences sexuelles, la religion, l’écriture, les identités trans, la sexualité, le travail du sexe, etc. On y rencontrera aussi les noms des nombreuses autrices québécoises incontournables qui se côtoient au catalogue, des plus iconiques, Louise Dupré, Nicole Brossard, France Théoret, Louky Bersianik, aux plus fraichement arrivées, Marie Darsigny, Vivek Shraya, en passant par Martine Delvaux et certaines figures internationales telles que Silvia Federici et Patricia Hill Collins. D’autres noms sont moins connus du grand public, comme ceux des chercheuses universitaires, mais n’en sont pas moins garants de la qualité de la maison.

Deux maisons féministes voient le jour au Québec durant les années chaudes du mouvement.

L’une se définit par son ancrage littéraire, l’autre par son ancrage militant. Le féminisme de l’une est plutôt différentialiste, et davantage tourné vers la psychanalyse. Le féminisme de l’autre est plus matérialiste, davantage tourné vers la sociologie. Mais aucune barrière n’est franche, n’est-ce pas ? Tant chez Pleine Lune que remue- ménage, la parole littéraire des femmes et le discours socio-politique se côtoient. Et tant chez l’une que chez l’autre, on a ouvert la barrière aux hommes.

L’une se définit par son ancrage littéraire, l’autre par son ancrage militant. Le féminisme de l’une est plutôt différentialiste, et davantage tourné vers la psychanalyse. Le féminisme de l’autre est plus matérialiste, davantage tourné vers la sociologie.

On l’a dit, à un certain moment, soumettre un manuscrit à une maison d’édition féministe inaugurait la possibilité d’installer un dialogue avec une autre femme pour accompagner le texte, alors que la majorité des postes d’éditeurs étaient occupés par des hommes. Ce n’est certes plus le cas aujourd’hui : on peut certainement trouver une éditrice dans presque toutes les maisons et plusieurs entreprises éditoriales sont dirigées par des femmes. Aussi la signification d’une maison d’édition féministe dans le paysage est-elle différente aujourd’hui. Il en va de même pour la motivation des autrices à y soumettre un manuscrit : comme ce n’est plus la seule porte d’entrée au champ littéraire, le geste est plus politique, il s’agit d’inscrire son nom dans un catalogue destiné à la promotion d’une vision féministe.

La production littéraire des femmes est riche aujourd’hui. C’est bien sûr le fait des autrices, mais c’est aussi dû à ces maisons d’édition qui ont su les accueillir et les accompagner, à une époque où leurs manuscrits n’étaient pas d’emblée bienvenus chez les éditeurs traditionnels et qui ont, par leur présence, bouleversé les valeurs du champ éditorial, qui s’ouvre alors à la parole des femmes et qui, bientôt, accueille également de plus en plus de femmes éditrices, plus sensibles à certaines réalités que les textes relaient et font résonner dans l’espace littéraire comme dans l’espace social. Aujourd’hui, les femmes qui écrivent, qu’elles soient engagées ou non dans la voie féministe, sont publiées partout (en minorité certaine chez quelques maisons, il ne faut pas se le cacher). En cela, il est indéniable que le travail des deux maisons féministes fondées il y a plus de 45 ans ont contribué à la reconnaissance de l’écriture des femmes en accueillant leurs textes et en les publiant.

Si, au départ, ces deux maisons dont la durée est à saluer voguaient seules, il faut tout de même rappeler qu’elles ont été accompagnées, au fil du temps, par d’autres maisons qui, sans s’investir particulièrement dans ce créneau, ont publié beaucoup de textes écrits par des femmes ou franchement féministes. Citons par exemple la défunte maison Les Éditions Trois, pilotée par l’écrivaine Anne-Marie Alonzo, puis une nouvelle venue dans le paysage, Diverses Syllabes, dont la mission est plus pointue, puisqu’il s’agit d’« une maison d’édition par et pour les femmes racisées et personnes minorisées dans le genre dans le milieu littéraire québécois ». À cette dernière comme aux deux pionnières, souhaitons la longévité