Collections | Volume 8 | numéro 2

Biographie

Les animaux

plus présents que jamais dans nos vies

Samuel Larochelle

Jamais les animaux de compagnie n’ont occupé une aussi grande place dans la vie des Québécois. En février 2020, on apprenait, selon un sondage Léger commandé par l’Association des médecins vétérinaires du Québec, que la population de la province vivait avec plus de 3 millions de chats et de chiens, et que ceux-ci étaient présents dans plus de la moitié des ménages sur le territoire.

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Quelques mois plus tard, au plus fort de la pandémie, de nombreux médias rapportaient une hausse fulgurante de popularité des petites bêtes poilues, en témoignent des listes d’attente qui ne cessaient de s’allonger chez les éleveurs. Dans cet article, Collections propose une sélection d’essais et de biographies, tout aussi différents les   uns des autres, mais qui ont en commun d’avoir les animaux comme prémice d’une ouverture sur le monde.

Suggestions de livres

La 6 e extinction. Comment l’homme détruit la vie

ELIZABETH KOLBERT

De tout temps, les animaux se sont avérés une source d’information inépuisable sur le monde qui nous entoure. Par exemple, la baisse draconienne de la biodiversité et la disparition de plusieurs espèces animales annoncent une extinction globale, comme on peut le découvrir dans La 6 e extinction. Comment l’homme détruit la vie, l’essai coup de poing d’Elizabeth Kolbert, qui a remporté le prix Pulitzer en 2015. Cette année-là, le livre s’est taillé une place parmi les meilleurs essais, selon plusieurs grands médias aux États-Unis et au Canada anglais (Time, Washington Post, Guardian, Globe and Mail, New York Times, Wall Street Journal). Le travail colossal de cette journaliste du New Yorker, spécialisée en environnement, permet aux lecteurs de comprendre que la plus récente extinction a balayé les dinosaures et les autres espèces de la fin de la période géologique, et pourquoi l’humanité pourrait être la prochaine « victime ». Loin d’être une œuvre de science-fiction, et sans être exagérément alarmiste, ce livre extrêmement bien documenté donne la parole à plusieurs experts, qui fournissent des exemples probants. Merveilleusement bien vulgarisée, cette œuvre est aussi inquiétante que nécessaire.

Guy Saint-Jean Éditeur, 2015, 400 p 29,95 $

Un zoo pas comme les autres

MARIE-ÈVE POTVIN

Bien que les enjeux du monde animalier doivent être considérés à l’échelle de la planète et au niveau des États, plusieurs individus décident de prendre les choses en main localement. C’est le cas de Cliff et d’Emily, les propriétaires du Miller Zoo, un jardin zoologique et un centre de réhabilitation de la faune qui a fait l’objet d’une populaire émission diffusée à TVA. Ils sont aussi le sujet du livre Un zoo pas comme les autres. La  folle aventure de Clifford Miller, écrit par Marie-Ève Potvin. Aussi sympathique et fascinant que ces deux amoureux des animaux, l’ouvrage permet d’aller plus en profondeur que ne le permet le petit écran. On apprend tout sur la naissance de leur passion et sur les embûches surmontées afin d’accueillir plus de 150 animaux, dont des pumas, des loups, des tamanduas, des lémurs, des loutres d’Asie et des ours noirs. Le livre offre également l’occasion de mieux connaî-tre certains résidents du zoo, comme Nahla la lionne ou Patof le raton, toujours plus gourmand que sauvage. Un peu à l’image de l’émission de télévision, qui a fréquemment franchi le million de cotes d’écoute, les pages de ce livre ont le potentiel d’informer et de divertir toute la famille.

Les Éditions de l’Homme, 2019, 224 p 24,95 $

Au nom des animaux

VIRGINIE SIMONEAU-GILBERT

Quand il est question de protection animale, une organisation vient automatiquement à l’esprit de bien des Québécois : la SPCA. Afin de souligner les 150 ans d’existence de l’organisation montréalaise, l’autrice Virginie Simoneau-Gilbert a publié Au nom des animaux. L’histoire de la SPCA de Montréal (1869-2019), un ouvrage à la fois chronologique et thématique. En plus de faire un survol historique de l’institution, le livre permet aux lecteurs d’en apprendre énormément sur les débuts de ce qu’on appelle « la cause animale », au XIXe siècle, puis sur l’apparition et l’évolution du mouvement au Canada. On y aborde aussi les questions morales qui ont surgi au sujet du traitement des chevaux et des multiples pratiques des chasseurs, des pères fondateurs de la SPCA de Montréal, ainsi que de l’influence inévitable du clergé sur les comportements de ses ouailles dans toutes les sphères de leur vie, y compris dans leur rapport avec les animaux. Par ailleurs, le livre lève le voile sur les embûches, les opposants et les défis de cette organisation qui a connu un second souffle au tournant des années 2000. Difficile de ne pas sortir de cette lecture sans être encore plus sensible à la cause de la protection des animaux.

Somme toute, 2019, 378 p 32,95 $

Je mange avec ma tête

ÉLISE DESAULNIERS

Au cours des deux dernières décennies, la volonté de protéger les animaux a également eu un impact énorme sur nos choix alimentaires. Ce n’est donc pas surprenant que l’actuelle directrice générale de la SPCA de Montréal, ÉLISE DESAULNIERS, ait publié il y a dix ans Je mange avec ma tête, un livre ayant pour mission d’expliquer les bienfaits, alors peu connus du grand public, du végétarisme et du véganisme, dont plusieurs des fondements reposent sur le refus d’exploiter les animaux. Écrit avec un mélange de simplicité, de passion et de grandes connaissances sur le sujet, l’ouvrage n’est en rien accusateur ni revanchard. Dans son approche, l’autrice préfère expliquer ces grands concepts, déconstruire les mythes que lui servent souvent les carnivores et aider les lecteurs à décrypter de nombreuses études. Ainsi, elle dévoile les dessous des coûts de la viande industrielle, elle évoque les engrais et autres pesticides utilisés pour « favoriser » la croissance du bétail, elle se penche sur les effets environnementaux de l’alimentation et plus encore. Voilà un livre qui a fait école.

Stanké, 2011, 264 p 29,95$

Animal radical

JÉRÔME SEGAL

Les lecteurs qui désirent franchir un pas de plus dans leurs réflexions sur la présence des animaux dans leur assiette, dans les expériences médicales et dans différents aspects de la société, seront choyés avec Animal radical. Histoire et sociologie de l’antispécisme, du journaliste, chercheur et conférencier à l’Université Paris Sorbonne, JÉRÔME SEGAL . Alors que les végétariens et les végétaliens parlent principalement d’un mode de vie et de choix personnels, les adeptes de l’antispécisme s’opposent littéralement à tous types de discriminations et de mauvais traitements pouvant affecter une espèce animale ou une autre. De toute évidence, on parle ici d’un mouvement plus politique. La preuve, le 9 octobre 2018, à la suite d’un incendie criminel dans un abattoir français mis en œuvre pour faire justice à tous les « animaux assassinés », plusieurs membres du parti Les Républicains ont dénoncé une forme de terrorisme alimentaire. Bref, un mouvement qui joue du coude !

Lux éditeur, 2020, 217 p 24,95 $

Un monde de chiens

FRANÇOIS Y. DORÉ

Alors que nombre d’enfants ont un jour rêvé de pouvoir parler avec les animaux, à la manière du Docteur Dolittle, bien des adultes et des spécialistes essaient encore d’entrer en communication avec ceux-ci, et spécialement avec les chiens. Visiblement captivé par le meilleur ami de l’homme, FRANÇOS  Y. DORÉ a publié Un monde de chiens. Cognition, communication et personnalités canines. Dans un livre qui va bien au-delà des nuances entre les différentes races, l’auteur prend un malin plaisir à présenter ce que les chiens voient, sentent et entendent, ainsi que la signification des aboiements et des grondements. Il explique également les capacités olfactives qui permettent aux cabots de dénicher des substances illicites et même des maladies ! On apprend aussi ce que nos chiens lisent en nous, selon nos expressions faciales, notre démarche et notre voix. Difficile de rester indifférent.

Éditions Multimondes, 2019, 238 p 24,95 $

Apprivoiser le deuil animalier

LYNNE PION

La légitimité du deuil d’un animal de compagnie se trouve au cœur du livre Apprivoiser le deuil animalier, écrit par LYNNE PION, qui, en plus d’être autrice et conférencière, travaille comme officiante funéraire ! Elle est donc particulièrement sensible aux questions entourant le décès d’un chat, d’un chien, d’un oiseau ou de tout autre animal faisant partie du quotidien. D’ailleurs, elle encourage les lecteurs à reconnaître leur souffrance et à se donner le droit de traverser les étapes du deuil habituellement associées à la perte d’un être humain. Elle suggère entre autres aux personnes endeuillées de reconnecter avec les souvenirs positifs associés aux animaux depuis peu décédés en repensant, par exemple, au jour où ils sont arrivés dans leur vie, à leur personnalité, à leurs habitudes et à ce qu’ils représentaient pour elles. Ainsi, tous arrivent à trouver des réponses dans ce livre, qui peut également faire comprendre à l’entourage à quel point une peine est justifiée et valide.

Béliveau Éditeur, 2017, 160 p 17,95 $

La vie sans Boris

STÉPHANIE BÉRUBÉ

Dernière variation sur un même thème, La vie sans Boris. Essai sur le deuil animalier à l’intention de ceux qui aiment les animaux. On a ici droit à un tandem à l’écriture. D’une part, la journaliste au journal La Presse STÉPHANIE BÉRUBÉ partage ses propres expériences à la suite du décès de plusieurs chiens qui ont accompagné sa vie avant de rejoindre le paradis des quatre-pattes, en plus de recueillir des témoignages de personnes qui ont été tout aussi bouleversées par la mort de leurs animaux. D’autre part, le vétérinaire Joël Bergeron vient étoffer la réflexion en répondant à plusieurs questions au sujet des animaux vieillissants, des signes à surveiller quand leur santé se détériore et du moment où dire adieu à son animal. Un livre humain et éclairant.

Les Éditions La Presse, 2020, 166 p 21,95 $

Comme des bêtes

CAROLINE LEPAGE

S’il est parfois tentant de faire preuve d’anthropomorphisme en prêtant des caractéristiques humaines, des émotions et des réflexions à nos amis les animaux, il peut aussi être intéressant d’explorer tout ce qui nous rapproche et nous éloigne d’eux en termes de… sexualité. Ne dit-on pas que certains humains connectent avec l’animal en eux quand ils sont au lit ? D’ailleurs, quelles sont les pratiques sexuelles du monde animal ? Saviez-vous que la reine des abeilles est l’incarnation même du verbe « butiner » ? Que certaines espèces d’araignées meurent après l’amour ? Et qu’il existe certains poissons d’eau douce qui perfectionnent l’art du baiser mouillé à longueur de journée ? Voici le genre d’informations à la fois rigolotes et éducatives qui se retrouvent dans le livre Comme des bêtes. Les animaux au lit, écrit par CAROLINE LEPAGE.

Éditions XYZ, 2020, 336 p 26,95 $

Si près, si loin, les oies blanches

GÉRARD BARIL

D’un point de vue résolument plus poétique, l’écrivain GÉRARD BARIL fait appel aux animaux comme une forme de métaphore de la migration intérieure qui l’a mené vers des contrées intimes insoupçonnées dans le récit Si près, si loin, les oies blanches. Celui qui est également chercheur, journaliste et communicateur scientifique tente cette fois de comprendre ce que les célèbres oiseaux migrateurs peuvent lui apprendre sur la vie et il songe à tous ceux qui les observent, à la relation entre les humains et les animaux et au vivre-ensemble dans son sens plus large. Si la lecture nous pousse à tourner notre regard vers l’intérieur, elle nous donne aussi envie de nous déployer dans la nature québécoise. Certains journalistes ont même parlé de ce livre comme d’un baume en ce temps de pandémie.

Éditions XYZ, 2020, 336 p 26,95 $

Fauna

BENJAMIN PEYLET

Question de couronner cet ensemble de lectures sur les animaux, quoi de mieux que de plonger dans Fauna. Un fascinant voyage au cœur du monde animal ? Dans ce livre aux allures de coffee table book, magnifié par des photos d’une beauté ahurissante qui nous font voir les animaux d’un œil complètement nouveau, on apprend mille et une choses sur les mystères du monde animal. Par exemple, avez-vous déjà pensé à l’utilité du pelage des loups ? Au rôle que jouent les couleurs exubérantes sur la peau de plusieurs espèces de grenouilles ? À la façon dont les antennes des abeilles se sont développées ? Avez-vous carrément déjà réfléchi à ce qui explique l’extrême variété des formes de vie animale sur la planète ? Bien entendu, tenter de nommer tous les sujets abordés dans ce livre prendrait des heures, mais sachez que vous aurez justement besoin de plusieurs heures pour passer au travers de cet immense ouvrage traduit de l’anglais par BENJAMIN PEYLET.

Éditions MultiMondes, 2020, 336 p 49,95 $