Collections | Volume 8 | numéro 2

Littérature

Bêtes pas bêtes

Josianne Létourneau

Qu’elle soit belle, creuse, originelle, à apprivoiser ou abattre, la bête, dans toutes ses déclinaisons, foisonne en littérature québécoise. Mais quand on évoque la « bête », de quoi parle-t-on exactement ? Le Robert décrit la bête comme étant « Tout être animé, à l’exception de l’être humain », définition laconique à laquelle s’ajoute l’allusive « Personne dominée par ses instincts », en qui nous reconnaissons d’emblée tant de personnages ayant laissé leurs traces en nos mémoires. Et que dire de l’adjectif « bête » enfonçant le clou avec son « Qui manque d’intelligence, de jugement. Idiot. Imbécile. Nul ».

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Avec la bête, on peut dire que Le Robert n’y va  pas de main morte.

Mais soyons honnêtes : malgré l’admiration et l’amour qu’il inspire, rares sont les œuvres plaçant l’animal en position d’égalité avec l’homme. Compagnon de figuration, élément de composition d’un paysage, bétail, victime de violence gratuite ou d’un événement tragique, il est si peu souvent considéré comme un être à part entière.

Des exceptions existent, pourtant. Légendes, fables et mythes fondateurs savent, eux, mettre en scène des animaux dont le pouvoir, la sagesse et l’ingéniosité ont des effets décisifs sur la vie des humains. Cette influence est également palpable dans des œuvres plus contemporaines telles Griffintown de MARIE-HÉLÈNE POITRAS, publié chez Alto, où le cheval vit en symbiose avec certains personnages et où la plume de l’autrice déborde d’amour pour le majestueux animal. Une présence tout aussi significative s’exprime dans Le Chant de Corbeau de LEE MARACLE, publié chez Mémoire d’encrier, où les personnages de Corbeau et Cèdre, tour à tour désespérés et émerveillés du manque de sagesse de ceux qui passent près d’eux sans les voir, commentent les décisions des femmes du clan du Loup. Enfin, l’impact narratif de l’animal est aussi fort présent dans Zec la Croche de MAUREEN MARTINEAU, où l’écrivaine voue des chapitres entiers à une ourse vieillissante. Un choix beau et audacieux qui la place au centre de l’œuvre et qui nous permet d’accéder à une façon inédite de lire les événements et d’explorer des espaces encore un peu sauvages.

Bien davantage qu’accessoire, la présence des animaux dans notre littérature est révélatrice, messagère et annonciatrice de ce qui nous attend, de qui nous sommes. C’est ce que la sélection qui suit vous propose d’explorer, dans toute la diversité de ses voix.

Suggestions de livres

Les treize lunes d’Okia

YOLANDE OKIA PICARD

Conteuse du clan du Loup du peuple Wendat, l’autrice et artisane traditionnelle YOLANDE OKIA PICARD a plusieurs cordes à son arc. Le recueil de contes et légendes Les treize lunes d’Okia offre le spectacle d’une nature qui se donne librement dans toute sa richesse et sa générosité. Qu’ils soient mythiques comme le Wisakedja – cet animal tour à tour coyote, renard, moufette, carcajou ou corbeau – ou une simple outarde en vol, les animaux de ces légendes issues de différents peuples des Premières Nations sont des personnages majeurs et décisifs. Obéissant parfois complètement à leurs besoins et déployant des stratégies pour arriver à leurs fins, ils font entendre leurs voix et respecter leurs dons dans un monde où nul être humain ne pourrait s’imposer en maître et où fraternité et sororité transcendent toutes notions d’espèce.

Éditions Hannenorak, 2019, 107 p 16,95 $

Ourse bleue

VIRGINIA PÉSÉMAPÉO BORDELEAU

Préfacé par la poétesse innue MARIE- ANDRÉE GILL, le livre Ourse bleuePiciskanâw mask iskwew propose une magnifique rétrospective des 40 ans de pratique poétique et artistique de l’artiste eeyou VIRGINIA PÉSÉMAPÉO BORDELEAU. Toujours présente dans son parcours, la figure de l’Ourse a inspiré plusieurs plongeons dans l’approche multidisciplinaire de l’artiste : elle publie d’abord, en 2007, un premier roman aussi intitulé Ourse bleue, et inaugure l’arrivée du sujet animal dans son œuvre picturale avec la toile Les griffes de l’Ourse. Ce changement fondamental marquera tout autant son style que les thèmes qu’elle abordera par la suite. Mais l’animal plantigrade n’est pas seul dans le cœur de Virginia Pésémapéo Bordeleau : du fossile au loup en passant par les caribous d’Abitibi, c’est toute une faune qui l’inspire et respire dans sa peinture, sa sculpture et sa poésie. Une faune qui revendique sa juste place. Et que l’artiste eeyou lui donne sans mesure.

Éditions du Quartz, 2020, 124 p 40 $

Les enquêtes de Sgoubidou

CATHON

« Intrépide », « vif » et « brillant » ne seront jamais des adjectifs utilisés pour décrire l’énigmatique Sgoubidou. Particulièrement douée dans l’art du clin d’œil aux classiques – rappelons-nous l’évocateur et exotique Les ananas de la colèreCATHON s’amuse encore une fois à réinventer nos référents collectifs avec Les enquêtes de Sgoubidou, bande dessinée décalée dont le charme opère dès la première histoire. Jouant habilement avec les registres de l’absurde et de l’enquête amateur, l’autrice installe un climat d’étrangeté déconcertant, mais absolument savoureux, qui n’épargne pas ses personnages Sammy et Sgoubidou. Ici, ces personnalités de trouillards sympathiques, familières à plusieurs d’entre nous, prennent, dans ce pastiche, davantage les allures d’un cabot ahuri assorti d’un acolyte pathétique. Et le résultat est hilarant !

Pow Pow, 2020, 144 p 19,95 $

Le mouvement des couleuvres

GABRIELLE ROBERGE

Figurer sur la liste préliminaire du Prix des libraires pour un premier recueil est un accomplissement admirable et Le mouvement des couleuvres de GABRIELLE ROBERGE fait partie de ces œuvres particulièrement remarquées. Chargée d’authenticité, la poésie de Gabrielle Roberge célèbre la nature avec douceur et acuité : « Les oiseaux de 5 heures me déplient un chant à la fois, touchent mes côtes de leurs pattes qui ne pèsent rien […] » De sa plume légère comme une aile, la poétesse célèbre la présence de l’animal apprivoisé ou sauvage et les fait se rencontrer dans son décor, dans son quotidien. Car si elle se révèle, de poème en poème, à la fois compagne fidèle et muse indomptée, l’animalité dans l’œuvre de Gabrielle Roberge est une indéfectible mise en lumière.

Éditions du passage, 2020, 122 p 19,95 $

La route des oiseaux de mer

HÉLÈNE LECLERC

Le regard posé sur l’horizon, HÉLÈNE LECLERC publie, avec La route des oiseaux de mer, son cinquième recueil. Dans une traversée des saisons qui, malgré les inévitables changements, garde le fleuve Saint-Laurent pour constante, c’est non seulement l’image des oiseaux qui s’impose mais également leurs cris, chants et piaillements. Magicienne de sobriété, la poétesse souligne et admire le chatoiement du rapace ou de l’oiseau maritime révélé par la lumière, une lumière qui jaillit également des reproductions photographiques apaisantes qui ponctuent le recueil. Et ses haïkus se déposent, au rythme des pages tournées, peuplés d’envols et d’hommages à cette beauté tranquille : « L’arbre mort / sur sa plus haute branche / le silence d’un harfang ».

Éditions David, 2020, 96 p. 14,95 $

Des souris et des hommes

JOHN STEINBECK

Tous les lieux de notre monde sont marqués par la présence des vivants. Et le décor naturel dans lequel s’amorce l’immense classique Des souris et des hommes ne fait pas exception, alors que les premiers mots du roman nous font parcourir les berges du fleuve Salinas : « Le soir, les lapins, quittant les fourrés, viennent s’asseoir sur le sable, et les endroits humides portent les traces nocturnes des ratons laveurs, les grosses pattes des chiens des ranches, et les sabots fourchus des cerfs qui viennent boire dans l’obscurité. » Malgré le titre de l’œuvre, ce ne sont pas des souris que nous croisons dans les premières lignes de l’histoire mais bien les pas de deux personnages qui ont marqué, par la plume remarquable de John Steinbeck, l’histoire de la littérature. Une édition exceptionnelle de l’immense classique qui, par le travail d’illustration à couper le souffle de la plus que talentueuse REBECCA DAUTREMER, est un événement en soi.

Alto, 2020, 420 p. 42,95 $

Comme des animaux

ÈVE LEMIEUX

Bien connue pour son travail de comédienne, ÈVE LEMIEUX relève le défi d’un premier roman avec le foudroyant Comme des animaux. Une œuvre pour laquelle elle n’a pas eu besoin de plonger tellement loin à l’intérieur d’elle. « J’avais cette tendance-là à obséder sur les mauvais gars. Quand j’ai commencé à écrire Comme des animaux, c’est ça qui [est] monté en premier. » C’est ainsi qu’est née Philomène Flynn, un personnage étonnant, qui maquille les morts, illumine de ses contes le quotidien d’une femme en fin de vie et s’accroche (un peu, beaucoup) au genre de gars qui alimente sa bête. L’écriture, entre violence, intensité et contemplation, sait tout aussi bien traiter de la domination toxique que des émotions de la narratrice, souvent magnifiquement exprimées par des métaphores où nature et animaux (et particulièrement les oiseaux) manifestent leur présence. Enfin, une œuvre-claque qui nous rappelle cruellement que « n’importe quelle bête est dominable »…

Éditions XYZ, 2019, 232 p. 22,95 $

La mort de Roi

GABRIELLE LISA COLLARD

Certains êtres ont le don magique de faire jaillir le meilleur de nous. Par leur amour inconditionnel, ils font parfois même plus que ça : ils nous empêchent de sombrer dans les profondeurs de notre psyché. Pour son premier roman intitulé La mort de Roi, la journaliste et traductrice GABRIELLE LISA COLLARD a puisé à même la mort de son berger allemand Salem pour construire les bases de la double vie de Max, son personnage principal. Complètement dévastée par la disparition de son Roi, Max a compris depuis l’enfance qu’elle n’était pas comme les autres. Que ses jeux de prédilection n’étaient pas ceux qu’affectionnaient les enfants de son âge. Et que l’arrivée de Roi dans sa vie était le seul, voire l’absolu garde-fou contre ses pulsions voyeuses et meurtrières. Une rage, une violence dévastatrice et blasée dans laquelle Gabrielle Lisa Collard nous fait habilement entrer, alternant les paysages ruisselant d’hémoglobine ou de clarté.

Le Cheval d’août éditeur, 2019, 144 p. 21,95 $

Coyotes et alligators

FRANÇOIS LEBLANC

Voici un roman qui, dès son exergue, installe l’idée d’une menace animale. Mais cette adversité annoncée entre l’homme et la bête est-elle réellement la plus redoutable ? Sixième œuvre de fiction née de la plume de FRANÇOIS LEBLANC, Coyotes et alligators dépeint un Baltimore devenu jungle où le narrateur, un jeune garçon de douze ans, pose sur son environnement un regard lucide qui en souligne toute l’hostilité. Il s’agit d’une nature de plus en plus indomptée où chaque être vivant, humain ou animal, est un prédateur potentiel. Lorsqu’il propose à son nouvel ami, le pur Sebastian, de fuir le « bullying » quotidien du camp de survie où ils doivent passer l’été, les deux enfants plongent de plus en plus profondément dans ce monde en dépérissement où les ennemis sont aussi des êtres souffrants.

Druide, 2020, 208 p. 19,95 $

Indice des feux

ANTOINE DESJARDINS

Avec Indice des feux, le premier livre d’ANTOINE DESJARDINS, l’auteur nous fait l’immense cadeau d’une œuvre qui se dévore. Dès la première nouvelle, le message est clair : continuer d’ignorer les signes du déséquilibre environnemental planétaire coûte cher. Maladies, extermination lente et inexorable des espèces, catastrophes environnementales destructrices : les abris se font de plus en plus rares, surtout à l’intérieur de soi. Et les personnages de ce recueil de nouvelles en acquièrent douloureusement l’intime conviction : « […] Penses-tu que ça…[…] Que ça se peut encore…un enfant…Un enfant, dans ce monde-là », dira Sam, les yeux rivés sur la photo d’un baleineau échoué parmi les galets. Nouvelle après nouvelle, c’est l’impitoyable constat qu’ils feront tous, celui d’un monde où le sens de l’émerveillement s’éteint au même rythme que les animaux.

La Peuplade, 2021, 360 p. 26,95 $

Le lièvre d’Amérique

MIREILLE GAGNÉ

Diane, workaholique assumée, n’arrive plus à tenir le rythme. Surtout depuis l’arrivée de cette nouvelle collègue qui lui a ravi, apparemment sans efforts, autant le titre d’employée la plus productive que celui, qu’elle n’a pourtant jamais eu, de chouchou social de la firme. Aussi, lorsque que cette dernière dépose sur son bureau un calepin de notes, Diane ne résiste pas longtemps à ce que semble lui suggérer son contenu stupéfiant. Connue pour son travail de poétesse et nouvelliste, MIREILLE GAGNÉ nous offre avec Le lièvre d’Amérique un ovni littéraire captivant, à la fois moderne et ancien, urbain et organique. Un premier roman inspiré de la légende du Nanabozo, à la narration versatile et ambitieuse, qui vient parfois chercher tout notre souffle et fascine par son approche extrêmement incarnée et habile du thème de la transhumance. Un lièvre, enfin, vraiment pas comme les autres…

La Peuplade, 2020, 184 p. 21,95 $

Aquariums

J.D. KURTNESS

Aquariums, second roman de J.D. KURTNESS, n’est pas une œuvre enfermée dans une bulle de verre. Roman choral d’anticipation, racontant de manière quasi prémonitoire une pandémie mondiale, il met en scène plusieurs lignes narratives en apparence parallèles, mais dont les liens finissent doucement et sûrement par se révéler. Entre Léon le marin du XIXe siècle, des baleineaux naissants, un squale chassant et une jeune étudiante qui aspire depuis l’enfance à devenir vétérinaire – personnage qui n’est pas sans rappeler les propres aspirations scientifiques de l’autrice – J.D.Kurtness pique notre curiosité et révèle des personnages aussi émouvants qu’intrigants. Dans cet Aquariums, elle tisse une toile littéraire qui, malgré la brièveté de l’œuvre, exige toute notre attention.

L’Instant même, 2019, 160 p. 21,95 $

Les étés de l’ourse

MURIEL WYLIE BLANCHET

« Je repense toujours à cet été-là comme à l’été Maeterlinck – l’année où nous écrivions nos rêves. Les enfants, eux, parlent encore de l’été de l’ourse. » Un jour, alors qu’ils jettent l’ancre de leur bateau, Le Caprice, dans la baie de Vancouver, Capi et ses cinq enfants, alors occupés à nettoyer des poissons sur la plage, aperçoivent au loin ce qu’ils pensent d’abord être la silhouette noire d’un homme. Jusqu’à ce qu’elle se mette à quatre pattes. Classique canadien du nature writing enfin traduit en français, Les étés de l’ourse de l’aventurière MURIEL WYLIE BLANCHET est le récit autobiographique des explorations de la côte de la Colombie-Britannique par l’autrice et ses enfants. Pendant quinze ans, ils approfondiront avec respect leurs connaissances de lieux parfois insoupçonnés, sur un territoire où ils savent ne pas s’imposer en maître. De toute façon, on ne peut rien contre une maman ourse…

Boréal, 2020, 264 p 29,95 $

Abandon

JOANNA POCOCK

Célébrer la présence des animaux et de la nature en littérature, c’est parfois mettre de l’avant des livres comme celui de JOANNA POCOCK. Née à Ottawa et établie à Londres avec sa famille, elle raconte dans Abandon son expérience de vie dans le territoire du Montana, aux États-Unis. « À Missoula, j’étais confrontée aux montagnes, au ciel et aux cerfs qui me dévisageaient par la fenêtre de ma chambre, leurs yeux parallèles aux miens. » Dans ce livre qui tient à la fois du récit de soi et du documentaire, Joanna Pocock nous convoque à bien plus que l’expérience intime d’un lieu. C’est également à l’étang contaminé aux métaux lourds de Berkeley Pit où l’on repousse les oiseaux à coups de sirènes, aux incendies de plus en plus nombreux qui dévastent la région et dans lesquels brûlent des animaux impuissants, et à une intertextualité impressionnante qui fait un inquiétant état des lieux pour tous les êtres vivants de « l’Amérique indomptée » qu’elle nous invite.

Mémoire d’encrier, 2020, 328 p 29,95 $

L’Enfant promis

MAUREEN MARTINEAU

Écrivaine chevronnée de romans noirs, MAUREEN MARTINEAU réussit brillamment à intégrer la nature à ses histoires policières enlevantes. Récipiendaire du prix Arthur-Ellis du meilleur roman policier en français au Canada pour L’Enfant promis, l’autrice réussit de façon inédite à nous mettre dans la peau de ses personnages animaliers, souvent témoins privilégiés des événements violents qu’elle met en scène. Dans Une église pour les oiseaux, dont l’édition dans la collection « Noir P » est toute récente, ce sont des martinets ramoneurs, réfugiés dans le clocher de l’église désaffectée de Ham-Sud, en Estrie, qui nous offrent un point de vue singulier sur le drame brutal qui secoue la communauté. Et la voix narrative de la frêle et blonde Jessica Arteau, étincelle ayant mis le feu aux poudres, rappelle la fragilité de ces volatiles, dont les pattes trop courtes ne permettent aucun repos.

Héliotrope, 2020, coll. « Noir P », 184 p 14,95 $

Nature morte au couteau

ANNE–MARIE DESMEULES

Récompensée par le Prix du Gouverneur général en 2019, la poétesse ANNE–MARIE DESMEULES n’a jamais eu peur d’aborder de front des sujets sensibles. Après avoir traité avec brio de la relation malsaine d’une mère et son enfant dans Le tendon et l’os, elle revient à la charge poétique avec Nature morte au couteau, un brutal retour à la nature de l’humain dénaturé. Peuplée par les animaux de l’ombre dans un monde décharné qui leur permet de prendre leur revanche sur la civilisation, la poésie riche en images d’Anne-Marie Desmeules raconte l’agonisante débâcle de l’humanité. Une fin de monde métaphorique, mais bien sentie où la survie s’assure par l’observation, voire l’imitation des bêtes : « Comme des renardes parmi les herbes abattues et les gouttes d’asclépiade, il suffit de rester figée dans l’instant du guet. » Autrement dit, pour tromper la mort au quotidien, il faut savoir s’adapter.

Le Quartanier, 2020, 156 p 20,95 $