Quand la littérature jeunesse se réinvente

Gertrude est une girafe presque comme les autres. Elle a de mignonnes petites oreilles, des ossicônes (les bosses sur la tête des girafes) parfaits et une bouille joviale. Sauf que… sauf que Gertrude n’a pas de cou ! Bien que la sympathique girafe parvienne à y trouver certains avantages, il n’en demeure pas moins que sa situation est problématique. Qu’à cela ne tienne, Gertrude décide alors de devenir une anti-girafe et de faire ce qu’aucune autre girafe n’a jamais fait. Mais par où commencer ? Avec La girafe pas de cou, Carole Tremblay nous offre une fable désopilante sur la différence et l’estime de soi. Illustré avec un humour bon enfant par Marie Boiseau, cet album se lit le sourire aux lèvres. Gertrude est un personnage attachant auquel les enfants pourront s’identifier, alors qu’elle tente de trouver une manière de tirer parti de sa différence. Éclats de rire garantis !

Raymond n’est pas seulement un bison, c’est aussi le héros d’un livre ! Il aime les cornichons au citron et il chante toujours la même chanson pour se donner du courage. Gilles, lui, est un petit garçon. C’est aussi le propriétaire du livre de Raymond le bison. Gilles et Raymond sont inséparables, du moins jusqu’au jour où un incident les éloigne l’un de l’autre. Que fera Raymond le bison ? Et comment réagira Gilles à la perte de son ami ? Raymond le bison est une histoire sur l’amitié et l’amour des livres écrite par Lou Beauchesne et illustrée par Kate Chappell. Le texte est simple et émouvant, avec de nombreuses touches d’humour, soutenues par des illustrations au trait brouillon. Le traitement du livre comme objet est aussi à souligner, alors que le rouge de la couverture est délavé sur les bords et la tranche et que le nom des précédents propriétaires de l’album a été biffé pour celui de Gilles. Un livre à mettre entre les mains de tous les amoureux des livres.

Katharena est triste de quitter la maison qu’elle partage avec sa mère, au bord de la mer. Heureusement, elle fait la connaissance d’Agnès, une vieille dame qui habite juste à côté. Katharena et Agnès se lient rapidement d’amitié et partagent le même amour de la nature. Au fil des saisons, leur complicité s’approfondit alors qu’elles apprennent l’une de l’autre. Mon amie Agnès est un album écrit et illustré par Julie Flett, une artiste crie et métisse. Alliant une langue colorée à des illustrations douces et vibrantes, elle propose une histoire touchante d’amitié intergénérationnelle basée sur le partage des connaissances. Rythmé par les saisons qui agissent comme autant d’épisodes, cet album est tout simplement magnifique !

Tout le monde connaît la blague de Pet et Répète. Pet tombe à l’eau, qui est-ce qui reste ? Répète. Pet tombe à l’eau, qui est-ce qui reste ? Répète. Etc. Pourtant, leur histoire est tout à fait différente ! Eh oui, à l’origine, c’est Répète qui tombait à l’eau et Pet qui restait dans le bateau. Mais ce n’est pas la seule chose qu’on ignorait de ces deux jumeaux surprenants ! Il faut une sacrée dose de culot pour imaginer un album à partir d’une simple blague. C’est le pari que relève avec brio Katia Canciani, avec Pet et Répète. La véritable histoire. Accompagnée aux illustrations par Guillaume Perreault, l’autrice propose une histoire rocambolesque qui nous fait voir les deux personnages de cette blague sous un tout autre jour. De son côté, l’illustrateur s’amuse visiblement avec des dessins aux allures vieillottes et aux traits caricaturaux qui regorgent de petits détails. Un album qu’on relira encore et encore et encore !

Lorsque Jaguar, le chat de Nino, lui apporte un étrange masque rouge, le garçon découvre qu’il a maintenant des super pouvoirs ! Il devient alors Super Nino ! Par contre, ce n’est pas toujours facile de se contrôler, quand on est un superhéros. Surtout quand on a envie de faire toutes sortes de choses, sans penser aux conséquences. Heureusement, Super Nino apprendra à maîtriser ses pouvoirs et se fera même un nouvel ami au passage ! Andrew Katz signe le texte de Je suis Super Nino, un album qui ravira les plus jeunes. Les illustrations colorées de Tony Luzano apportent une dimension éclatée à la super journée de Nino, à qui rien ne résiste. Une lecture à faire en famille pour le plaisir de tous !

C’est bien connu, le lion est l’animal le plus fort, le plus dangereux de la savane ! Quand il arrive, tous les animaux se sauvent. Mais un jour, le lion tombe dans un trou et est incapable d’en sortir. Le singe, qui passait par là, se demande s’il devrait l’aider ou appeler le chasseur pour enfin débarrasser la savane de ce dangereux prédateur. Avec son rythme et son humour habituels, Franck Sylvestre nous propose un conte animalier rigolo avec Le lion et le singe. Les illustrations minimalistes de Élise Kasztelan viennent appuyer le récit. Sur le CD, Franck Sylvestre livre une prestation magistrale de son conte, pour le plus grand plaisir des petits et même des grands !

Jimmy Tornado et sa demi-sœur, Guadalupé, sont à la recherche d’Agartha, un lieu mythique qui se trouverait au centre de la terre. Lors d’une expédition en Chine, Jimmy tombe sur un étrange pilier au fond d’une grotte, ainsi que sur un dinosaure bien vivant ! Le gorille et Lupé se lancent alors sur les traces de leur père, dont l’obsession pour Agartha leur est familière. Pour y arriver, ils décident de s’associer à Nigel Crane, qui s’est dressé sur leur route dans le passé. Cette fois, ils n’auront pas le choix de collaborer. Frédéric Antoine signe le scénario d’Aux portes d’Agartha, le troisième tome des aventures de Jimmy et Lupé Tornado, toujours accompagné aux dessins par Jean-François Vachon. Comme dans les tomes précédents, l’action abonde et l’humour mordant de Jimmy continue de faire mouche. Le duo de créateurs quant à lui poursuit l’intrigue en plaçant une pièce majeure du puzzle sur la table : Agartha. Voilà une série de BD qui captivera les lecteurs, qu’ils soient filles ou garçons !

Rex et ses amis, Patchy et Gogo, ont enfin terminé leur entraînement auprès du clan des Ninjaptor. Ils sont prêts à poursuivre la quête de Rex, qui est toujours à la recherche du secret de ses origines. Mais ils devront faire équipe avec Cory, la fille adoptive de la chef du clan des Ninjaptor, au tempérament bouillant. Les dangers sont nombreux sur leur chemin, et Rex et ses amis ne pourront compter que sur eux-mêmes pour les affronter. En seront-ils capables ? Julien Paré- Sorel signe le scénario et les illustrations de L’héritage de Cory, deuxième tome de la populaire série Aventurosaure. Le bédéiste poursuit les aventures de Rex, un héros hors norme dans cette saga alliant fantasy et dinosaures, pour le bonheur de ses nombreux lecteurs. L’action abonde et les personnages, même les secondaires, sont bien développés. Une série à découvrir absolument !

Un chat a-t-il vraiment neuf vies ? Pourquoi pas sept ? Ou huit ? Et pourquoi appeler un chat un chat ? D’ailleurs, comment doit-on prononcer le mot « zoo » ? Est-ce « zou » ? Ou plutôt « zo » ? Ça suffit, je donne ma langue au chat ! François Gravel récidive avec ses poèmes loufoques et ses jeux avec la langue française dans La langue au chat et autres poèmes pas bêtes. Cette fois, il s’intéresse au règne animal, qu’il explore sous toutes ses coutures, tel un aventurier qui découvre la faune d’une région jusqu’alors inexplorée. Accompagné des illustrations de Laurent Pinabel, rappelant le collage, ce recueil de poésie rendra chèvre n’importe qui !

Simon, 17 ans, est passionné de danse et Michael Jackson est son idole. Simon est aussi un adolescent obèse. Fatigué de subir le regard des autres, dont celui de son père, il a décidé de subir une gastrectomie pariétale, opération visant à réduire de 90 % la taille de son estomac. Malgré les risques liés à la chirurgie, mais aussi ceux inhérents aux suites de l’opération, Simon est déterminé. Il en a assez d’être gros, de faire rire de lui à cause de son poids. À l’hôpital, il fera la rencontre de Stéphane, un jeune homme qui doit subir la même opération que lui. Au fil du temps, les chemins de Simon et de Stéphane vont s’entrecroiser, comme deux réalités parallèles aux conséquences diffé- rentes. Simon regrettera-t-il son choix ? Et si son opération changeait complètement ses perceptions ? Dans Poids lourd, Sophie Laroche aborde avec doigté et sensibilité l’obésité morbide, une condition qui touche une proportion de plus en plus grande d’adolescents canadiens. L’autrice parle aussi de grossophobie, des différentes opérations possibles pour les patients souffrant d’obésité, du rapport qu’on entretient avec son poids et du regard qu’on porte sur les autres. Sans jamais tomber dans la moralisation ou dans le misérabilisme, elle dresse un portrait réaliste, et parfois peu flatteur, de Simon, l’accompagnant tout au long de son cheminement. C’est un roman coup-de-poing, une lecture incontournable et puissante.

Juliette et sa mère, accompagnées de Gina, la meilleure amie de Juliette et de Ginette, sa mère, sont en route pour Puerto Vallarta, où le quatuor mères-filles compte se prélasser sur la plage. Mais des ennuis mécaniques obligent leur avion à se poser à Mexico, où elles passeront finalement leur séjour. Juliette y découvre l’art de Frida Kahlo, en plus de croiser des Autochtones, dont le sort ne la laisse pas indifférente. Malheureusement, un malentendu vient brouiller son amitié avec Gina. Est-ce que le périple mexicain de Juliette va se conclure sur une fausse note ? Juliette à Mexico est le 14e opus de la populaire série Juliette, écrite par Rose-Line Brasset et illustrée par Géraldine Charrette. Comme dans les autres aventures de Juliette, l’autrice présente un mélange d’informations touristiques et des enjeux sociaux qui amènent le personnage éponyme de la série à réfléchir sur ces problématiques. Comme toujours, le roman se clôt sur une annexe « Sur les pas de Juliette », où des informations sur Mexico et le Mexique sont présentées de manière informative. À lire pour mettre du soleil dans la grisaille hivernale !

L’école de Marie, Mustapha et Marin est fermée à cause de champignons dans les murs. Mais il fait très chaud dans les modules préfabriqués, installés pour servir de classes temporaires. Alors quand l’alarme de feu retentit, les élèves de madame Tatziki sont ravis de profiter de l’occasion pour sortir jouer dehors. Par contre, lorsque Marie et Mustapha sont convoqués chez le directeur parce que l’incendie était réel, les choses se corsent. Les trois amis décident alors de mener une enquête qui leur réservera plusieurs surprises. André Marois revient avec les personnages du Voleur de sandwichs dans L’alerte au feu, accompagné cette fois de Célia Marquis aux illustrations. Encore une fois, l’auteur nous propose une enquête pleine de rebondissements, où les suspects abondent. Les dessins sont colorés et expressifs et donnent une profondeur au récit. Marois en profite également pour aborder la question de la pauvreté, à travers le personnage de Marie, sans jamais tomber dans le misérabilisme. Une œuvre à découvrir !

Sur le quai d’un port, un garçon débarque d’un bateau, vêtu d’un habit de velours rouge et d’une perruque blanche. Il est venu avec sa famille dans cette ville pour donner un concert. Le froid glacial rend les débardeurs et le douanier de fort mauvaise humeur. Pourtant, lorsque le garçon sort un violon de son étui et commence à jouer, accompagné de sa sœur au piano, les cœurs se réchauffent au son de la musique, comme par magie ! C’est mon piano, monsieur !, est un conte musical qui permet d’initier les enfants à la musique et à la vie de Wolfgang Amadeus Mozart. Ana Gerhard signe le conte, illustré par Marie Lafrance, qui s’est amusée à mettre en scène Minine, une souris mélomane et amatrice de fromage, auprès de Mozart. Sur le CD, c’est Benoit Brière qui prête sa voix reconnaissable entre toutes à la narration et l’orchestre de chambre I musici de Montréal y interprète la pièce « Une petite musique de nuit ». Un livre-disque idéal pour faire découvrir l’un des plus grands compositeurs classiques aux enfants.

Dans le village de Latika, en Inde, il n’y a pas de toilettes. Ça veut dire que les femmes doivent attendre la nuit pour aller faire leurs besoins dans le « champ de la honte ». Elles passent donc leurs journées assoiffées pour parvenir à se retenir jusqu’au soir. De plus, les filles doivent quitter l’école à la puberté, à cause de leurs règles. Mais Latika, elle, aime apprendre. De plus, ce n’est qu’à l’école qu’elle parvient à oublier la dureté de son quotidien. Alors, quand un représentant du gouvernement vient dans son village en apportant avec lui de quoi construire un puits, Latika élabore un plan audacieux. Avec Enterrer la lune, Andrée Poulin propose un récit en vers libres sur le manque d’accessibilité des toilettes, une problématique qui touche 4,2 milliards de personnes dans le monde. À travers le personnage de Latika, elle dépeint une réalité méconnue des lecteurs occidentaux, mais qui pose d’immenses problèmes de santé publique, particulièrement chez les adolescentes et les femmes. Accompagné des magnifiques illustrations de Sonali Zobra, une illustratrice indienne, ce récit est à la fois nécessaire et dépaysant, tant dans sa forme que dans son sujet. Un incontournable de la littérature jeunesse !

La lecture et l’écriture sont les bases de l’apprentissage, sans lesquels les notions plus complexes ne peuvent être enseignées par la suite. Il est donc primordial que l’enfant y soit initié dès son plus jeune âge. Mais comment, en tant que parent ou enseignant, favoriser ces apprentissages chez l’enfant ? Et pourquoi est-ce si important d’initier le bambin aux sons et aux lettres dès son plus jeune âge ? Marie-Ève Bergeron-Gauvin, orthophoniste auprès des enfants de 0 à 5 ans et Pascal Lefebvre, orthophoniste et professeur agrégé, répondent à ces questions et plus encore dans leur livre L’éveil à la lecture et à l’écriture. Dans un langage clair et accessible, appuyés par de nombreux exemples concrets, les deux auteurs s’intéressent à l’acquisition du langage chez les enfants. Ils en profitent au passage pour déboulonner certains mythes tenaces. Un ouvrage incontournable pour les parents et pour les professionnels œuvrant auprès de la petite enfance.