Collections | Volume 7 | numéro 4

Jeunesse

Nos réalités, nos origines

Un Québec aux multiples facettes

Pierre-Alexandre Bonin

Même si c’est un cliché, le Québec d’aujourd’hui est une courtepointe constituée de gens d’origines diverses et métissées. Avec plus de 400 ans d’histoire, de vagues migratoires variées et une solide volonté d’ouverture, c’est un endroit où il fait bon vivre.

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Pourtant, certaines inégalités demeurent, qu’elles soient raciales, socioéconomiques ou encore basées sur le sexe ou la religion. Heureusement, la littérature jeunesse est un formidable laboratoire d’idées, où des auteurs et des auteures n’ont pas peur de confronter leurs lecteurs en abordant des thématiques parfois difficiles. Traditions, réalités, coutumes et défis sont aussi divers que nos réalités et nos origines. L’article qui suit en est un exemple éclatant.

Suggestions de livres

Mes 162 voisins

Françoise Cliche

Lucie, une jeune fille de 12 ans, est furieuse contre sa mère qui l’oblige à passer trois précieuses semaines de son été à l’île d’Orléans, en compagnie de sa grand-mère qu’elle connaît à peine. Pourtant, lorsqu’elle rencontre les Mexicains qui travaillent à la ferme voisine, ses horizons s’ouvrent et elle nouera des amitiés inattendues. Mes 162 voisins, de Françoise Cliche, met en scène le quotidien de travailleurs saisonniers, une réalité largement méconnue. Avec humour et sensibilité, l’auteure nous propose un court roman qui lève le voile sur ceux sans qui nous ne pourrions nous nourrir.

Les Heures bleues, coll. « Périscope », 2017, 80 p. 14,95 $

Un cœur en cage

Manon Plouffe

Mina et Sati sont deux adolescentes d’origine indienne, dont la famille a immigré au Québec lorsqu’elles étaient toutes petites. Pourtant, chacune mène une vie complètement différente. Alors que Sati peut s’affirmer et prendre sa place dans la société, Mina est confinée à un rôle plus discret et effacé, prisonnière des traditions et du conservatisme de ses parents. Un jour, un événement fait basculer leur vie à toutes les deux et met en lumière certains secrets que Mina a tout fait pour préserver. Manon Plouffe signe, avec Un cœur en cage, un roman à deux voix, où Mina et Sati se répondent par carnets interposés. C’est un roman difficile, en ce qu’il traite d’une réalité qu’on croyait reléguée au passé, soit celle du mariage forcé et des crimes d’honneur. Malgré tout, il y a de l’espoir pour Mina.

Bayard Canada, 2020, 208 p. 19,95 $

Kellan et le roi de la montagne

Dïana Bélice, illustré par Audrey Jadaud

Lorsque ses parents lui annoncent que lui et sa petite sœur Zia devront aller au service de garde, Kellan est ravi. Il va enfin pouvoir participer aux Épreuves de la montagne, une compétition sportive organisée chaque année. Par contre, il devra faire face à des obstacles insoupçonnés sur son chemin… Dans Kellan et le roi de la montagne, de Dïana Bélice, illustré par Audrey Jadaud, il est question de préjugés, de racisme ordinaire, mais aussi d’ouverture et de collaboration. Sans jamais faire la morale, l’auteure parvient à faire l’apologie de la différence et condamne habilement la discrimination raciale. Soulignons que celle-ci n’est pas seulement le fait des enfants et que certains adultes sont également montrés du doigt, avec raison. Un court roman à découvrir !

Dominique et compagnie, coll. « Roman bleu », 2020, 112 p. 11,95 $

Victoire-Divine Tome 1

Edith Kabuya

Victoire-Divine Kembonayawhé est pensionnaire à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, le pensionnat le plus huppé de la province, grâce à ses bonnes notes et à la bourse d’études qu’elle a obtenue. Sauf qu’à ND7D (pour les intimes), un système de castes fait en sorte que les enfants dont les parents font partie du conseil d’administration se comportent en véritables tyrans. Lorsque Victoire-Divine prend la défense d’une élève victime d’intimidation, elle est déclarée « Intouchable ». Normalement, ceux et celles à qui ça arrive finissent par quitter le pensionnat à force d’être humiliés. Mais Victoire- Divine a décidé de se battre. La guerre est déclarée ! Edith Kabuya propose, avec sa trilogie Victoire-Divine, une protagoniste forte en gueule et extrêmement attachante. Victime d’injures racistes, mais aussi de l’indifférence du personnel enseignant et de la direction, Victoire-Divine se tient debout et s’efforce de combattre les injustices, aidée par une mère fière de ses origines et par quelques amis qui la soutiennent dans sa lutte contre les membres de la Monarchie, la clique des élèves les plus populaires du pensionnat. Voilà une trilogie pour adolescent marquante dans le paysage de la littérature québécoise.

Éditions de Mortagne, 2018-2019, 350 p. à 456 p. 16,95 $

Victoire-Divine Tome 2

Edith Kabuya

Victoire-Divine Kembonayawhé est pensionnaire à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, le pensionnat le plus huppé de la province, grâce à ses bonnes notes et à la bourse d’études qu’elle a obtenue. Sauf qu’à ND7D (pour les intimes), un système de castes fait en sorte que les enfants dont les parents font partie du conseil d’administration se comportent en véritables tyrans. Lorsque Victoire-Divine prend la défense d’une élève victime d’intimidation, elle est déclarée « Intouchable ». Normalement, ceux et celles à qui ça arrive finissent par quitter le pensionnat à force d’être humiliés. Mais Victoire- Divine a décidé de se battre. La guerre est déclarée ! Edith Kabuya propose, avec sa trilogie Victoire-Divine, une protagoniste forte en gueule et extrêmement attachante. Victime d’injures racistes, mais aussi de l’indifférence du personnel enseignant et de la direction, Victoire-Divine se tient debout et s’efforce de combattre les injustices, aidée par une mère fière de ses origines et par quelques amis qui la soutiennent dans sa lutte contre les membres de la Monarchie, la clique des élèves les plus populaires du pensionnat. Voilà une trilogie pour adolescent marquante dans le paysage de la littérature québécoise.

Éditions de Mortagne, 2018-2019, 350 p. à 456 p. 16,95 $

Victoire-Divine Tome 3

Edith Kabuya

Victoire-Divine Kembonayawhé est pensionnaire à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, le pensionnat le plus huppé de la province, grâce à ses bonnes notes et à la bourse d’études qu’elle a obtenue. Sauf qu’à ND7D (pour les intimes), un système de castes fait en sorte que les enfants dont les parents font partie du conseil d’administration se comportent en véritables tyrans. Lorsque Victoire-Divine prend la défense d’une élève victime d’intimidation, elle est déclarée « Intouchable ». Normalement, ceux et celles à qui ça arrive finissent par quitter le pensionnat à force d’être humiliés. Mais Victoire- Divine a décidé de se battre. La guerre est déclarée ! Edith Kabuya propose, avec sa trilogie Victoire-Divine, une protagoniste forte en gueule et extrêmement attachante. Victime d’injures racistes, mais aussi de l’indifférence du personnel enseignant et de la direction, Victoire-Divine se tient debout et s’efforce de combattre les injustices, aidée par une mère fière de ses origines et par quelques amis qui la soutiennent dans sa lutte contre les membres de la Monarchie, la clique des élèves les plus populaires du pensionnat. Voilà une trilogie pour adolescent marquante dans le paysage de la littérature québécoise.

Éditions de Mortagne, 2018-2019, 350 p. à 456 p. 16,95 $

Le tigre de porcelaine

Danielle Marcotte, illustré par Jean-Luc Trudel

Clara est fébrile. Elle participe à un concert qui lui permettra peut-être d’obtenir une bourse pour entrer au Conservatoire. Mais, cachée dans les coulisses, elle est estomaquée quand elle voit ses parents, assis au premier rang, se faire chasser de leur place par les Smith, un couple de riches blancs. La jeune fille décide qu’elle en a assez et qu’il est temps pour elle de se faire respecter. Le tigre de porcelaine est un roman de Danielle Marcotte, illustré par Jean-Luc Trudel, qui se déroule dans les années 1970. On y suit Clara, une jeune fille qui souhaite devenir pianiste, malgré les réserves de ses parents. Heureusement, elle est soutenue par sa grand-mère, qui l’incite à poursuivre sa passion. Malheureusement, la famille doit faire face à plusieurs défis, notamment le racisme et la discrimination dont ils sont victimes en raison de la couleur de leur peau. Un roman touchant et nécessaire, pour montrer le chemin parcouru par les communautés racisées, ainsi que les défis qui subsistent encore aujourd’hui.

Soulières éditeur, coll. « Chat de gouttière », 2019, 104 p. 10,95 $

Les étoiles

Jacques Goldstyn

Yakov est un garçon juif qui habite le Mile-End, à Montréal. Il est passionné d’astronomie, au grand dam de son père, qui voudrait lui léguer l’épicerie familiale. Lorsque Yakov fait la rencontre d’Aïcha, une fillette musulmane de son âge et qui aime elle aussi les étoiles, c’est le début d’une amitié plus forte que tout. Jacques Goldstyn signe le texte et les illustrations de Les étoiles, un magnifique album sur la force de l’amitié, qui permet de créer des ponts au-delà de la religion. Avec comme toile de fond l’un des quartiers emblématiques de Montréal, il nous propose une histoire touchante et sublime, à lire absolument.

La Pastèque, 2019, 64 p. 18,95 $

Anelis et la mer

Beatriz Carvalho

Anelis est née dans un pays lointain, au bord de la mer. Un jour, elle part avec ses parents vivre dans un nouveau pays. Mais Anelis a une bulle de tristesse, un vide qui grandit dans son cœur. Elle s’ennuie de sa patrie d’origine. Heureusement, elle a une boîte remplie de trésors pour l’aider à faire rapetisser sa bulle, jusqu’à la taille d’un minuscule grain de sable. Anelis et la mer a été écrit et illustré par Beatriz Carvalho, une artiste brésilienne récemment installée à Montréal. Cet album doux et touchant est directement inspiré de son parcours et parle du mal du pays, mais aussi des trésors qu’on peut découvrir dans sa nouvelle patrie. Une œuvre magnifique qui touche droit au cœur.

Éditions de l’Isatis, coll. « Tourne-pierre », 2020, 32 p. 19,95 $

Mes parents pour la vie

Elsa Devernois et Barroux

Nathan est furieux contre sa petite sœur Nina, qui a brisé son bel avion blanc. Dans un accès de colère, il demande à sa maman de la renvoyer au Vietnam, où ses parents sont allés la chercher. Sa mère lui rappelle que c’est aussi son cas. S’ensuit une discussion sur la naissance de Nathan et son arrivée dans sa famille. Elsa Devernois et Barroux proposent une magnifique histoire sur l’adoption internationale avec Mes parents pour la vie. L’auteure aborde le sujet à hauteur d’enfant, avec le petit Nathan qui essaie de comprendre comment ses parents peuvent être les siens même si sa mère ne l’a pas porté dans son ventre. Tandis que l’illustrateur complète le propos avec des illustrations aux traits à la fois larges et brouillons, qui donnent une impression de douceur. Un album à lire en famille, adoptive ou pas !

D’Eux, 2020, 24 p. 18,95 $

C’est quoi un réfugié ?

Élise Gravel

Qu’est-ce que c’est, un réfugié ? Est-ce que c’est quelqu’un qui fuit la guerre ? Ou quelqu’un qui est victime de violence dans son pays d’origine ? Ou encore quelqu’un qui vit de la pauvreté et qui souhaite un avenir meilleur  ? Et si c’était toutes ces réponses à la fois ? Avec C’est quoi un réfugié ? Élise Gravel aborde avec délicatesse et humanité la question des réfugiés et les raisons qui peuvent pousser des gens à quitter leur pays d’origine pour trouver asile. À la fin de l’album, on trouve des témoignages d’enfants réfugiés ainsi que quelques réfugiés célèbres, dont Anne Frank, Malala Yousafzai ou encore Albert Einstein. C’est un album idéal pour amorcer la discussion autour d’un sujet qui se retrouve régulièrement au cœur de l’actualité.

La courte échelle, 2019, 32 p. 18,95 $

La fête des morts

Dany Laferrière, illustré par Frédéric Normandin

Dans son village de Petit-Goâve, Vieux-Os s’interroge sur la mort en compagnie de Da, sa grand-mère amatrice de café. Un jour, sur le chemin de l’école, il croise un cortège funèbre avec son ami Frantz. Les deux garçons décident de le suivre jusqu’au cimetière, où ils feront de nombreuses découvertes étonnantes. La fête des morts est un album de Dany Laferrière, illustré par Frédéric Normandin. C’est la deuxième aventure relatant l’enfance de Vieux-Os, alter ego de l’auteur, dans son Haïti natale. On retrouve avec bonheur la verve de l’un des auteurs les plus connus de la diaspora haïtienne au Québec. Son jumelage avec un illustrateur québécois à la palette chaude et colorée donne une œuvre métissée et vivante, qu’on prend plaisir à (re)découvrir.

Les Éditions de la Bagnole, coll. « Modèle unique », 2019 [2009], 52 p. 21,95 $

Africville

Shauney Grant

Une jeune fille se rappelle les souvenirs racontés par sa famille à propos d’Africville, une communauté noire établie à Halifax, en Nouvelle-Écosse, à la fin du XVIIIe siècle et qui a prospéré jusqu’à son démantèlement par le gouvernement, dans les années 1960. Shauney Grant raconte dans Africville l’histoire d’une communauté qui a été ouvertement lésée par les autorités gouvernementales en raison de la couleur de sa peau. Les illustrations d’Eva Campbell renforcent l’idée de la mémoire et des souvenirs dont parle la narratrice. Voilà un album poignant et nécessaire, qui lève le voile sur un pan méconnu de l’histoire des Noirs dans les Maritimes. À la fin du livre, une note historique vient apporter un complément d’information bienvenue.

Bouton d’or Acadie, coll. « Étagère Trotinnette », trad. : Josephine Watson, 2020, 32 p. 14,95 $

Un renard sur la glace

Thomson Highway illustrations de Brian Deines

Joe et Cody passent un après-midi d’hiver à pêcher sur la glace avec leurs parents. Ils en profitent pour pique-niquer. Alors que Joe se repose dans le traîneau à chiens avec sa mère, Cody aide son père à pêcher. Soudain, un renard fait son apparition et déclenche toute une série d’événements rocambolesques. Thomson Highway signe avec Un renard sur la glace une histoire toute simple nous permettant de plonger dans le quotidien d’une famille autochtone du nord du Manitoba. Les illustrations de Brian Deines sont vibrantes de couleur et donnent une touche d’impressionnisme à l’ensemble. Voilà un magnifique album pour découvrir les membres des Premières Nations et leur mode de vie.

Prise de parole, coll. « Chansons du vent du nord », trad. : Mishka Lavigne, 2020, 15,95 $

Le mocassin

Sylvain Rivard

Le mocassin est la chaussure traditionnelle des Premières Nations. Mais elle est aussi beaucoup plus que ça ! Chaque nation a son propre modèle et les blancs s’en sont aussi inspirés pour fabriquer des bottes qui résistent à l’hiver canadien. Sylvain Rivard, auteur et artiste multidisciplinaire d’origine abénakise, nous convie à la découverte de l’un des vêtements les plus emblématiques des peuples des Premières Nations dans Le mocassin. Ce magnifique album, hybride entre la fiction et le documentaire anthropologique, est traduit en anglais et en mi’gmaq en plus d’être illustré par des œuvres de Rivard, mêlant collage et autres disciplines artistiques.

Éditions Hannenorak, trad. : Donald Kellough et Joe Wilmot, 2018, 54 p. 22,95 $

Les enfants de la Nouvelle-France

Pierre-Alexandre Bonin et Gilbert Desmarais, illustré par Caroline Soucy

Le rédacteur de cet article, Pierre-Alexandre Bonin, étant lui-même auteur de plusieurs livres jeunesse, nous ne pouvions passer à côté de l’un de ses derniers titres : Les enfants de la Nouvelle-France ! Dans celui-ci, on parcourt l’histoire de la colonisation jusqu’à 1763, au travers des portraits de 11 enfants qui s’adressent directement aux jeunes lecteurs. Ouendraca, petite Huronne ; Mathieu, enfant français; Jacques, fils de Seigneur ; Rosalie, enfant malade à l’Hôtel- Dieu de Québec ; Oukabé, métisse de Michilimakinac, et les autres personnages partagent ce qu’ils vivent, ressentent, à quoi ils jouent, ce qu’ils mangent. Cette manière à la fois ludique et sentie de vivre l’histoire de la Nouvelle-France du point de vue des enfants permet une communication unique entre le sujet et les petits, qui étudient souvent cette partie de l’histoire à l’école vers la troisième année du primaire. Les pages présentant les personnages côtoient des sections plus documentaires, avec des dates importantes, des personnages historiques à connaître, ainsi que des photos d’artéfacts tels que moccasins, fourrures, œuvres d’art autochtones et françaises, carte dessinée à la main, etc. Écrit et monologué par Pierre-Alexandre Bonin et Gilbert Desmarais, illustré par Caroline Soucy, ce livre est décidément une expérience historique d’un point de vue fascinant, autant pour les petits que les grands !

Bayard Canada, 2020, 48 pages 18,95$