Collections | Volume 10 | numéro 3

Non-fiction

Fascination pour l’obscurité dans les essais

Sarah-Louise Pelletier-Morin

Depuis une décennie, on ne compte plus le nombre de balados, de documentaires, de séries et de romans qui ont porté sur des faits divers ou des crimes non résolus. Décidément, il y a un engouement pour les serial killers, les procès romanesques et les intrigues sordides les plus diverses. Devant cet engouement, plusieurs journalistes et essayistes d’ici ont saisi l’occasion d’écrire sur des crimes, affaires judiciaires et enquêtes. Si des auteurs et des autrices misent sur le goût du lectorat pour les intrigues qui font frissonner, d’autres adoptent plutôt une posture critique et s’interrogent sur les façons de mener des enquêtes, voire sur notre fascination pour les crimes, les complots, groupes organisés et chefs de bande.

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Qu’est-ce qui, dans la nature humaine, nous pousse à imaginer une noirceur souterraine ? Pourquoi sommes-nous fascinés par les histoires sulfureuses, voire violentes ? Existe-t-il en nous un imaginaire de la menace ? Certains essayistes optent pour une posture militante, notamment à l’égard de la police ou de la prison ; d’autres encore étudient l’univers noir par la littérature, en analysant par exemple les ressorts du roman policier. Certains ouvrages, enfin, décrivent des formes de mouvements qui fraternisent avec l’ésotérisme. Bref, les essais présentés dans cet article nous proposent autant d’univers sombres qu’ils s’emploient à décortiquer, à analyser – à éclairer.

Suggestions de livres

Le roman policier en Amérique française – 3 (2011-2020)

NORBERT SPEHNER

Lorsqu’on évoque la littérature à suspense, on pense aussitôt au roman policier. Genre prisé autant par les jeunes lecteurs et lectrices que par les plus aguerris, les intrigues policières offrent de nombreuses déclinaisons. C’est ce que Le roman policier en Amérique française – 3 (2011-2020) s’emploie à décrire. Après les deux premières éditions, qui couvraient respectivement les périodes 1837-2000 et 2000-2010, ce troisième tome examine les parutions récentes relatives à la littérature policière dans cette décennie, une période que NORBERT SPEHNER caractérise d’ailleurs comme « féconde » pour ce genre littéraire. Ce livre dépasse largement le roman policier et ausculte aussi par exemple « les récits d’enquête, de mystère et de suspense pour ados et jeunes lecteurs » (chapitre 4) ainsi que les films noirs et les séries télévisées (chapitre 7). Cette lecture se présente comme une ressource indispensable pour mieux saisir l’offre diversifiée des productions artistiques sur la littérature à suspense qui ont été créées au Québec au cours de la dernière décennie.

Alire, coll. « Essais » 32,95 $

Le Détectionnaire. Dictionnaire des personnages principaux de la littérature policière et d’espionnage

NORBERT SPEHNER

Ajout ludique au précédent titre, Le Détectionnaire. Dictionnaire des personnages principaux de la littérature policière et d’espionnage intéressera les férus de romans policiers, mais aussi les créateurs passionnés par la construction des personnages. Colosse de près de 800 pages, ce livre est le fruit d’années de recherche et de compilation par Thérèse Bouchard-Forray et Yvon Allard, avant que NORBERT SPEHNER prenne le relais comme auteur. On sent toute la passion de ce dernier à réaliser ce projet ambitieux : « Le “détectionnaire” est un ouvrage de référence encyclopédique descriptif, bibliographique et partiellement critique qui recense les protagonistes principaux de la littérature policière et d’espionnage mondiale, avec quelques incursions dans des genres annexes, des hybrides de polars et de romans d’aventures, de récits fantastiques ou de science-fiction. » On s’attaquera à ce livre pour le bon plaisir de se promener dans divers univers connus, ou pour en découvrir de nouveaux et se laisser entraîner vers la lecture de nouveaux polars.

Alire, coll. « Essais » 39,99 $

La Criminologie appliquée et la sécurité intérieure

MAURICE CUSSON

Contrairement à de nombreux ouvrages cités dans cette liste, La Criminologie appliquée et la sécurité intérieure ne s’intéresse pas au crime comme objet de fascination, mais plutôt comme objet à éradiquer. Dans la droite ligne de ses précédents ouvrages (Le contrôle social du crime [Prix du Gouverneur général], Criminologie actuelle, La criminologie), MAURICE CUSSON travaille à partir des principes de la « criminologie appliquée ». Étudiant à la fois l’« avant » et l’« après » du crime, soit la prévention et la réhabilitation des criminels, Maurice Cusson présente des stratégies efficaces pour identifier les points chauds d’une ville et prédire les récidives. Son point comparatif pour analyser la sécurité intérieure est l’homicide, car « il s’agit du crime le plus grave, le mieux connu et le mieux mesuré de tous. Parce que, là où les taux d’homicides sont élevés, ces crimes s’accompagnent de taux élevés de crimes de toutes natures et, bien sûr, d’insécurité ». La méthode de l’auteur, qui se veut scientifique et empirique, se penche aussi sur les stratégies de rééducation et de réinsertion sociale dont le succès a été éprouvé. Après un énoncé sur l’histoire de la criminologie appliquée, l’ouvrage offre une pléthore d’exemples, d’analyses de cas et de statistiques qui donnent une idée très concrète des opérations mises en œuvre pour assurer la sécurité intérieure au 21e siècle. Cet ouvrage s’avère particulièrement utile pour comprendre le mouvement de revendications de définancement de la police (defunding the police) et intéressera certainement les étudiants en droit et en criminologie.

Septentrion 24,95 $

1 312 raisons d’abolir la police

GWENOLA RICORDEAU

Complément indispensable à l’ouvrage La criminalité appliquée et la sécurité intérieure de Maurice Cusson, 1 312 raisons d’abolir la police est un ouvrage qui se veut moins scientifique que politique. Le recueil est paru cette année dans la collection « Instinct de liberté » chez Lux Éditeur, dont la ligne éditoriale vise à publier « des textes susceptibles d’approfondir la réflexion quant à l’avènement d’une société nouvelle, sensible aux principes libertaires ». Ce recueil collectif dirigé par GWENOLA RICORDEAU rassemble la parole de 18 personnes plaidant pour l’abolition de la police, un mouvement né dans les années 2010. On accède à la pensée d’auteurs et d’autrices francophones et anglophones issus de l’Amé-rique du Nord grâce au travail de traduction de Pascal Marmonnier. Ce livre cherche avant tout à déboulonner certains mythes, comme celui qui soutient que la sécurité d’une ville serait proportionnelle au nombre de policiers en service. Ces essais offrent une perspective diversifiée et approfondie sur des questions qui divisent toujours la société québécoise : D’où vient l’idée d’abolir la police et que recouvre- t-elle au juste ? Si la police ne nous protège pas, à quoi sert-elle ? Comment dépasser la simple critique de la police pour enfin en finir avec elle ? Ce livre s’adresse autant à ceux qui ne tiennent pas la police en haute estime qu’à ceux qui s’opposent farouchement au mouvement d’abolition de la police.

Lux, coll. « Essai » 26,95 $

Anarchisme occulte

ERICA LAGALISSE

Anarchisme occulte est un livre qui se rapproche de l’essai politique, dans la mesure où l’autrice adopte un ton très personnel ; l’approche d’ERICA LAGALISSE est résolument féministe et intersectionnelle. Traduit de l’anglais par l’essayiste Valérie Lefebvre-Faucher, ce livre expose une réflexion radicale sur les structures de pouvoir dans les mouvements militants anarchistes. Lagalisse nous offre une prose dense, très érudite et qui, au-delà de l’enracinement dans son expérience militante anarchiste, puise dans l’anthropologie et la philosophie, de la pensée médiévale jusqu’aux théories décoloniales en passant par Marx. L’autrice s’intéresse plus particulièrement aux groupes de luttes contre les inégalités (de genre, de race, etc.) qui sont infiltrés par des pensées complotistes : « les organisations anarchistes se sont souvent inspirées d’associations secrètes et de pratiques occultes ». Ce livre coup-de-poing, parfois cinglant, frappe par sa sagacité dès les premières pages. On se plaît à découvrir un pan inconnu de l’histoire occidentale à travers les liens étroits entre occultisme et anarchisme que Lagalisse tisse. On se réjouit, enfin, de parcourir les archives visuelles insérées par l’autrice – cet essai est, en tous points, d’une qualité remarquable.

Éditions du remue-ménage 21,95 $

Q comme qomplot

WU MING 1

Q comme qomplot s’intéresse à une manifestation d’occultisme qui a attiré l’attention des médias dernièrement, soit le mouvement QAnon. Or, le livre ne s’en tient pas qu’à ce mouvement conspirationniste, il décortique plus largement le complotisme aux États-Unis, de l’assassinat de John F. Kennedy jusqu’aux conspirations pandémiques entourant la Covid-19. On trouve autant de théories inspirées que délirantes qui convient satanisme, enlèvements d’enfants, pouvoirs secrets gouvernant la planète, vampirisme, cabales, etc. Ce livre est le fruit du travail collectif de WU MING 1*, et nous parvient ici traduit de l’italien par Anne Echenoz et Serge Quadruppani. C’est un livre monumental, de près de 600 pages, qui fascine par son approche littéraire et psychologique, sa fine analyse de cas et ses hypothèses originales. Parmi les nombreuses intuitions de l’ouvrage, on retiendra ces deux postulats fort stimulants : 1. Les « fantasmes » du complot (expression que l’auteur privilégie à « théories du complot ») servent le pouvoir ; et 2. Les théories du complot peuvent être étudiées comme un genre littéraire. Un essai absolument unique !

* Wu Ming 1 est l’un des créateurs du collectif d’écrivains Wu Ming qui travaille sur le rôle sociohistorique de la narration et dont les romans traduits en français ont été publiés aux Éditions Métailié. Ce groupe est un rejeton du Luther Blissett Project, qui s’est fait connaître dans les années 1990 par ses canulars médiatiques tournant en dérision les paniques morales et pour son roman culte, Q. L’œil de Carafa  (Seuil, 2000, réédité en 2020).

Lux 39,95 $

Un crime sans nom, l’affaire de Sault-au-Cochon

LUC BERTRAND

Si vous voulez faire monter votre niveau d’adrénaline, tournez-vous vers Un crime sans nom, l’affaire de Sault-au-Cochon. Dans cet ouvrage, LUC BERTRAND explore un drame historique : « Le 9 septembre 1949, vers 10 h 45 du matin, un DC-3 de la compagnie Canadian Pacific Airlines (CPA) s’écrase en plein bois sur le flanc du Cap-Tourmente, à Sault-au-Cochon, à 40 milles à l’est de Québec, entraînant dans une mort atroce 19 passagers et 4 membres d’équipage. C’est, à ce moment, la troisième plus grande catastrophe aérienne de l’histoire du pays. » L’auteur remet au jour une affaire oubliée qui a toutefois été fort commentée à l’époque, puisqu’il s’agissait alors du premier attentat à la bombe contre l’aviation civile en Occident. On découvrira de nombreux détails sur cette tragédie aérienne, qui fut d’abord considérée comme un attentat antiaméricain, et qui s’avéra un crime conjugal. L’affaire a notamment inspiré l’auteur Roger Lemelin et a été transposée à l’écran par Denys Arcand dans Le crime d’Ovide Plouffe (1984). Luc Bertrand nous livre un récit haletant, porté par une prose soignée, qui se lit véritablement comme un roman.

Éditions Sylvain Harvey 32,95 $

Le cimetière Mount Hermon – Mémoires de surintendants

BRIAN TREGGET

Un titre pour les férus d’histoire, Le cimetière Mount Hermon – Mémoires de surintendants décrit l’évolution depuis sa fondation du cimetière Mount Hermon, où les résidents du quartier Sillery ont longtemps aimé se promener l’été et pratiquer le ski de fond l’hiver. Le livre est conçu dans une édition bilingue qui met en lumière un lieu ayant d’abord appartenu au Petit Séminaire de Québec avant d’être vendu au juge Edward Bowen, puis à la Protestant Cemetery Association. Enfin, ce lieu a été géré par la descendance des Tregget (dont fait partie l’auteur du livre, BRIAN TREGGET, qui est issu de la quatrième génération de surintendant). L’auteur redonne toute l’importance à ce lieu qui abrite nombreuses richesses artistiques, en plus d’être « l’une des premières institutions à adopter les principes du mouvement œcuménique au Canada ». Un lieu à découvrir grâce aux mémoires de l’auteur, qui vous raviront dans cette plaquette limpide et accessible, parsemée de précieuses archives photographiques.

Histoire Québec, coll. « Société d’histoire de Sillery » 15 $

Ce que je n’ai jamais raconté : vingt-cinq ans au palais de justice

ISABELLE RICHER

Journaliste bien connue du grand public, ISABELLE RICHER nous livre, avec Ce que je n’ai jamais raconté : vingt-cinq ans au palais de justice, son parcours au palais de justice. Elle souhaitait, par l’écriture de cet ouvrage, se délivrer d’une mémoire encombrante : « Pendant toutes ces années à écouter le récit des drames qui ont déchiqueté des familles, à noter frénétiquement le moindre mot, […] toutes ces années ont laissé beaucoup trop de traces en moi, et j’ai pensé que si j’extrayais ces images une à une, en les écrivant, ce serait comme enlever autant d’échardes, patiemment, et à la fin de l’exercice, il ne resterait qu’un minuscule trou qui se refermerait tout seul. » Chaque chapitre se présente comme un court récit de deux à trois pages qui aborde d’une manière très personnelle et dialogique, souvent à la manière d’une pièce de théâtre, une histoire judiciaire. Les titres annoncent déjà le caractère poignant de ces affaires (« La petite Sarah », « Le bambin martyrisé », etc.). On découvre Richer comme une femme sensible doublée d’une écrivaine de grand talent.

Éditions La Presse, coll. « Essais » 26,95 $

Hells Angels : les années de plomb

DANIEL PROULX

Ouvrage qui met la loupe sur des événements sombres s’étant déroulés au Québec, Hells Angels : les années de plomb ausculte la période 1975-2000, durant laquelle un groupe de motards criminels « ont fini par conquérir les sommets du crime organisé québécois, voire canadien. […] [U]n fait unique dans l’histoire de la pègre occidentale ». À travers des portraits de criminels qui prennent dans ce livre la dimension de véritables personnages mythiques (à commencer par « Mom » Boucher…), DANIEL PROULX nous permet de comprendre la genèse de ce groupe et les raisons qui ont contribué à son ascension fulgurante. De nombreuses photographies et archives de journaux agrémentent cette lecture passionnante. Âmes sensibles s’abstenir : avec ses nombreux récits de meurtres et de crimes sordides, cette lecture s’adressera uniquement aux lecteurs et lectrices qui n’ont pas froid aux yeux.

Éditions La Presse 34,95 $

La dépoussiéreuse de crimes : lumière sur 12 énigmes judiciaires

ANNIE RICHARD

L’excitant titre La dépoussiéreuse de crimes : lumière sur 12 énigmes judiciaires est un ouvrage écrit par ANNIE RICHARD, détective de profession. La force de cet ouvrage est la sélection des affaires non résolues par l’autrice, par exemple : l’enlèvement de Sébastien Métivier, premier enfant dont le visage a été reproduit sur les cartons de lait, et l’emprisonnement de Sidney Machell, enfermé à tort pendant 20 ans à la prison de Bordeaux, avec les aliénés. Si les crimes qu’elle dépoussière sont passionnants, l’introduction, où elle raconte comment elle en est venue à devenir détective, l’est tout autant. Les enquêtes qu’elle explore sont toutes appuyées de nombreuses références (p. ex. articles de journaux) qui permettront aux curieux de se tourner vers ces archives pour en apprendre davantage sur ces événements énigmatiques. Les amateurs de true crime dévoreront cet ouvrage passionnant !

Éditions de l’Homme 29,95 $

Délivrez-nous de la prison Leclerc !

LOUISE HENRY

Sur une note sociologique, le témoignage intime de LOUISE HENRY sur l’univers carcéral vous fascinera. Délivrez-nous de la prison Leclerc ! propose une incursion au sein d’un établissement de détention. Incarcérée pour une histoire de fraude et de blanchiment d’argent, Louise Henry se fait un devoir de raconter ce qu’elle a vécu durant ses années en prison : « Cette histoire n’est pas facile à raconter pour moi, mais je dois dénoncer la situation que vivent les femmes à la prison Leclerc afin que l’on prenne conscience des violations des droits de la personne qui ont cours dans cet établissement carcéral de Laval et qui poussent parfois certaines détenues à commettre des gestes irréparables. » Cette lecture est bouleversante, d’autant qu’elle décrit une situation trop peu connue, pour le moins scandaleuse.

Écosociété 20 $

La faute à Pablo Escobar

JEAN-MICHEL LEPRINCE

Écrit par le journaliste JEAN-MICHEL LEPRINCE, La faute à Pablo Escobar rassemble les réflexions accumulées durant les 37 années durant lesquelles l’auteur a vécu en Colombie. Leprince décrit en 400 pages fluides la violence qui sévit dans cette région du monde en raison du trafic de narcotiques. Au-delà de tous les clichés et de la figure ultramédiatisée de Pablo Escobar, l’auteur met au jour les enjeux souterrains de la production et de la vente de cocaïne et raconte l’apparition de guérillas criminalisées. Ces pages sont le fruit d’une traduction de l’image vers l’écrit ; Leprince a effectivement revisionné plusieurs de ses reportages sur le terrain afin de les rendre dans ce livre. On ajoutera également que la qualité de l’ouvrage est encore bonifiée par une préface de Bernard Derome. Une ode à l’Amérique latine sans laisser de côté la rigueur journalistique.

Leméac, « Essais québécois » 32,95 $

Crépuscules admirables

THOMAS MAINGUY

Crépuscules admirables de THOMAS MAINGUY propose une série de 12 essais littéraires sur autant d’écrivaines et d’écrivains disparus (p. ex. Marie Uguay, Louis-René des Forêts, Catherine Pozzi, etc.). Nous accédons ainsi à la bibliothèque de l’auteur à travers un parcours introspectif, sensible, qui offre des méditations profondes sur la mort : « Chaque être qui a commencé à croire en la possibilité de sa mort se réveille dans la mélancolie. Il se sent, quelque part au fond de lui-même où loge sa peine écrasante ou sa lucidité sereine, virtuellement dépossédé de ce qu’il est. » S’intégrant à l’univers de l’essai noir par sa dimension nécrologique, l’ouvrage est toutefois empreint de lumière – ce livre est un véritable hommage à la littérature. On ne saurait trop insister sur la qualité littéraire et philosophique de cet essai.

Boréal, coll. « Liberté grande » 20,95 $