Heureux d’un printemps qui se donne à lire

Si Valérie le pouvait, elle passerait toutes ses journées dans son jardin. Elle aime plonger ses mains (et son nez !) dans la terre. Elle sème des légumes et des fleurs, mais gare aux insectes piqueurs ! Et quand vient le temps de la récolte, Valérie adore partager avec tous ses amis. VALÉRIE FONTAINE tient la vedette dans Valérie jardine, qu’elle a également écrit. Illustré avec entrain par AURÉLIE GRAND, il s’agit d’un livre pour les premiers lecteurs et premières lectrices. L’intrigue amusante est accompagnée d’illustrations colorées et expressives. Les phrases courtes et le vocabulaire simple en font le compagnon idéal pour l’apprentissage de la lecture.

Qui pourrait croire qu’une simple abeille, ouvrière vêtue de jaune et de noir, pourrait jouer un rôle aussi central, non seulement dans la survie de nos écosystèmes, mais aussi dans le rythme des saisons. Et pourtant, en compagnie de ses semblables, elle est à la base de notre alimentation et de l’harmonie de la nature qui nous entoure. Et voici son histoire. Tout commence par une abeille, écrit par AIMEE GALLAGHER et illustré par JENNIE WEBBER, est un hybride entre l’album et le documentaire. Le texte, empreint de poésie, présente l’abeille et son mode de vie, de la ruche à la pollinisation. Il est accompagné par des illustrations foisonnantes, qui rappellent l’aquarelle avec leurs couleurs délavées et leurs traits flous. Voilà une magnifique introduction au merveilleux monde des abeilles !

Il y a plus de dix millions de milliards de fourmis sur la Terre, et chaque minute, il en naît environ six milliards. Ce qui fait que leur poids total dépasse légèrement celui de tous les humains réunis. Un pour cent des insectes sur la planète sont des fourmis et il en existe plus de douze mille espèces différentes. Et ce ne sont là que quelques-uns des faits fascinants et surprenants que contient Les fourmis, un documentaire écrit par ALAIN M. BERGERON et MICHEL QUINTIN, illustré par SAMPAR. Alors que le texte vulgarise de manière claire et concise les informations proposées, les illustrations, quant à elles, apportent une bonne dose d’humour, avec des mises en situation tantôt drôles, tantôt complètement absurdes. Ce mélange entre rigueur scientifique et rigolade fera le bonheur des entomologistes amateurs en plus de répondre à plusieurs de leurs questions sur un insecte fascinant, qui a tant à nous apprendre.

I Même si c’est son anniversaire, Églantine n’aime pas l’hiver. Tout est froid, couvert de neige, et le printemps est si loin ! Et quand son grand-père lui offre en cadeau une boîte contenant tout le nécessaire pour démarrer un jardin, la fillette ne comprend pas comment elle va pouvoir s’y prendre pour que tout soit prêt à temps pour l’anniversaire du vieil homme au printemps… MAUD CHAYER et KEYU CHEN abordent les thématiques de la transmission des savoirs intergénérationnels et de l’autonomie alimentaire dans leur album Le jardin d’Églantine. On y découvre les différentes étapes pour préparer un potager, même au cœur de l’hiver, et on suit Églantine ainsi que ses quatre sœurs et leurs parents au fil des saisons, alors que le jardin et ce qu’il contient grandissent, jusqu’au pique-nique final. En bonus, on retrouve des instructions pour faire pousser des petits pois à l’intérieur, ainsi qu’une présentation des cinq sœurs. Un album à dévorer en famille !

La narratrice est en train d’arroser son jardin par une belle journée de printemps lorsqu’elle découvre une plante ayant germé peu de temps auparavant. Alors qu’elle tente d’identifier cette nouvelle venue, celle-ci affirme être une plante carnivore. Mais après quelques recherches, la jardinière découvre qu’elle s’avère plutôt être une dent-de-lion. C’est alors que la petite plante décide de raconter le long et périlleux voyage qui l’a menée jusqu’à ce jardin. Le grand vol de la petite Dent- de-Lion est un conte bilingue français-espagnol, écrit par MARÍA GRACIELA BASTARDO et illustré par PASCALE SÉVIGNY-VALLIÈRES. L’histoire permet de comprendre l’importance de ce qu’on appelle les « mauvaises herbes », celles-ci ayant plusieurs rôles à jouer dans l’écosystème. C’est aussi une leçon de persévérance joliment écrite. Les illustrations aux couleurs éclatantes et aux traits brouillons rappellent des dessins d’enfants et agrémentent le conte lui-même. Un album étonnant et différent à apprivoiser absolument.

L’été est propice aux activités en plein air, aux vacances, mais aussi aux rêveries et aux grandes aventures imaginaires. Et quoi de mieux que la poésie pour mettre le tout en scène ? C’est ce à quoi nous convie FABIENNE GAGNON avec À cheval sur l’été, un recueil de poésie illustré par AMÉLIE MONTPLAISIR. De l’observation des nénuphars ou des lucioles à une balade en trottinette et une baignade, en passant par un orage et une partie de marelle, la poète nous invite à ralentir. Chaque poème est une célébration d’un petit plaisir d’été, ou d’un moment qu’on capture le temps de l’observer à loisir avant de le relâcher dans la nature, comme on attraperait au bond une sauterelle dans les hautes herbes. Les dessins en noir et blanc et au crayon de bois qui accompagnent plusieurs des poèmes donnent une touche estivale et festive à l’ensemble. Voilà un recueil à savourer, comme une tranche de pastèque ou un verre de limonade fraîche !

Une adolescente qui vit un immense chagrin après que sa meilleure amie la laisse tomber du jour au lendemain cherche à comprendre comment tout cela est arrivé. À travers ses souvenirs, la narratrice cherche également à faire son deuil de cette amitié, sans y parvenir. Ghostée est un livre de poésie écrit par SARA DIGNARD qui aborde la peine d’amitié, un sujet peut fréquent en littérature adolescente. Avec sa narration au « tu », ses courts poèmes en vers libres divisés en différentes parties, mais formant un tout cohérent et une écriture qui va droit au cœur, ce recueil poétique est particulièrement efficace et percutant. On partage le chagrin de la narratrice, tout en cherchant avec elle les indices qui laissaient déjà entrevoir cette séparation inéluctable, mais ô combien douloureuse. Une œuvre coup de poing qui parvient à saisir toute la détresse propre à un chagrin adolescent.

Une fillette marche avec son père complètement accaparé par une conversation téléphonique sur son cellulaire. Lorsque la petite fille au manteau rouge trouve une fleur au pied d’un lampadaire, elle découvre soudain de la beauté à des endroits inattendus et propage celle-ci autour d’elle. JON ARNO LAWSON et SYDNEY SMITH nous proposent un magnifique album sans texte : Les fleurs poussent aussi sur les trottoirs. Avec un découpage varié, rappelant à la fois la bande dessinée et le cinéma, ainsi qu’une utilisation minimale et judicieuse des couleurs, les deux artistes présentent une histoire touchante et lumineuse. Sans un mot, sans une parole, ils parviennent à montrer l’importance des petits moments de bonheur, ainsi que ce qui se produit lorsqu’on décide de les partager autour de soi. Une ode à la simplicité de l’enfance et à la faculté de s’émerveiller de trois fois rien, comme d’un pissenlit qui pousse sur le trottoir.

Quand la mère de Gabriel l’hirondelle lui annonce qu’il y a eu un grave accident et que l’œuf qu’elle couvait est tombé au sol lorsque le nid s’est brisé, l’hirondeau comprend qu’il ne deviendra pas grand frère. Mais plutôt que de s’apitoyer sur son sort, il décide de tout faire pour redonner le sourire à sa mère. Écrit par ÉVELYNE FOURNIER et illustré par CHLOLOULA, Maman hirondelle est un album qui aborde avec douceur et doigté le thème de la fausse couche. Présenté du point de vue de l’enfant qui attend un petit frère ou une petite sœur à naître, il s’agit d’un livre important pour aborder le deuil avec les tout-petits. Le texte, empreint de sensibilité, est appuyé par des illustrations qui permettent de voir la relation unissant la mère et son fils du premier coup d’œil. C’est un album qu’on ne voudrait pas avoir à utiliser, mais qui remplit parfaitement son mandat, tout en laissant une grande place à l’espoir de jours meilleurs malgré le chagrin.

Maman hirondelle parcourt des milliers de kilomètres pour retrouver la grange abandonnée où elle fait son nid chaque année. Mais à son arrivée, le terrain est occupé par une ferme industrielle qui produit du maïs. Forcée de trouver un autre endroit où pondre ses œufs, Maman hirondelle rencontre d’autres animaux et insectes qui, comme elle, sont victimes de l’activité humaine et des changements climatiques. Heureusement, elle parvient éventuellement à un endroit où les humains et la nature vivent en harmonie ! Où naitront les hirondeaux ? est un album écrit par ÉMILIE DEMERS et illustré par RÉJEAN ROY. Sous forme de fable écologique, l’autrice présente les nombreuses conséquences de l’activité humaine sur la faune forestière, de la destruction d’habitats à l’impact de l’étalement urbain. De son côté, l’illustrateur propose des illustrations colorées et expressives, où le sort des animaux est montré sans compromis. Cette histoire pourrait être difficile à lire, mais la finale, où on voit une communauté respectueuse de la nature, ajoute une touche d’espoir bienvenue tout en lançant un appel à la mobilisation et à l’action. De quoi conscientiser les jeunes lecteurs et lectrices et les inciter à se mobiliser pour toutes les mamans hirondelles de la planète !

Kumo est une petite nuée, très timide, qui ne souhaite qu’une chose : flotter dans le ciel sans se faire remarquer. Mais un jour, elle doit entreprendre un long voyage pour faire son travail de nuage. Kumo sera-t-elle à la hauteur ? Heureusement, des rencontres aideront la petite nuée à prendre confiance en elle et à apprécier chaque moment de son périple. KYO MACLEAR au texte et NATHALIE DION aux illustrations sont les deux créatrices derrière Kumo, la petite nuée timide, un album au rythme lent et contemplatif, comme un ciel d’été. On y parle de confiance en soi, et de l’importance de sortir de sa coquille et d’aller vers les autres, avec douceur et bienveillance. Les superbes illustrations en double page donnent la mesure du ciel immense et des paysages dans lesquels Kumo évolue durant son voyage. C’est un album splendide qu’il faut prendre le temps de savourer.

C’est l’hiver, et une petite fille est blottie dans son lit. Elle pense à son grand-père, alors qu’elle s’endort au son du pipa, un instrument à quatre cordes dont sa mère joue au salon. En songe, elle s’imagine les activités qu’elle fera avec son grand-père, quand elle et sa mère iront le rejoindre à Kunming, surnommée la ville du printemps éternel, où il habite, à la saison sèche. Mais en attendant, il faut dormir, et laisser le son du pipa rythmer la ronde des saisons jusqu’au printemps. Les quatre saisons du pipa est un conte musical écrit par PATRICK LACOURSIÈRE, avec des illustrations de JOSÉE BISAILLON et une musique composée par LIU FANG. Le conte, léger et onirique, est accompagné d’illustrations colorées, mais aux traits flous comme si elles étaient elles aussi tirées d’un rêve. Quant à la musique, tirée du répertoire traditionnel et folklorique chinois, elle est envoûtante et enveloppe la lecture. À la fin de l’album, on retrouve un court dossier explicatif sur le pipa, mais aussi sur les pièces et leurs arrangements musicaux, avec une biographie de Liu Fang, responsable de ces derniers. Un livre différent, qui ouvre une fenêtre sur une culture qu’on connaît peu grâce à sa musique.