Symptômes

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Plus que jamais, dans Symptômes, son album de la maturité, CATHERINE OCELOT nous berce de la douceur de ses couleurs et de la chaleur de ses ambiances. L’artiste nous livre une œuvre encore plus réconfortante que sa série télé ­préférée, dont il est question dans le prologue (on vous garde la surprise !). Tout dans cette BD est apaisant, à commencer par le délicieux sens de l’humour de l’autrice… qui peut toutefois nous surprendre en effleurant parfois l’absurde, jusqu’à tomber dans le glauque lors de quelques passages saisissants. Par-dessus tout, on prise son sens de l’autodérision, qui donne des échanges exquis, comme celui-ci entre elle et son médecin : « Vous êtes une artiste, vous ­réfléchissez beaucoup… »/« Bah vous savez je fais de la bande dessinée, n’exagérons rien. » Mais surtout – l’œuvre d’Ocelot reposant sur la mise en lumière de sa vulnérabilité et de son anxiété –, on ressent sa capacité d’introspection et de compassion. D’ailleurs, ses angoisses la poussent parfois à l’hypocondrie, d’où le titre (vous l’aviez vu venir !). Reste qu’album après album, l’artiste nous tire dans une zone où la tristesse est si belle et verdoyante qu’elle en devient presque habitable. Prévoyez donc verser quelques larmes salutaires. Ocelot est une guérisseuse de spleen, elle sait pincer avec génie les bonnes cordes de nos sensibilités.