Sarclage

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Inoffensives, nos plantes d’intérieur ont néanmoins une vie entière qui leur est propre, qui nous échappe complètement. Mais que dire de celles du dehors, du petit lopin de terre qu’on cultive derrière chez soi, et qui nous guettent d’un œil mauvais ? Dans une banlieue aux apparences tout ce qu’il y a de plus ordinaire, Martine cultive un jardin aux allures psychédéliques et aux fourrages inquiétants, dont l’étrangeté échappe, du moins pour un temps, à l’esprit cartésien de la propriétaire des lieux. On pourrait décrire Sarclage, ce récit baignant dans la fantasmagorie, comme un mélange des films Le jour de la marmotte, Being John Malkovich et le Dune jamais abouti de Jodorowsky. Et tout cela rencontrerait du côté de la bande dessinée l’univers de Fred et de son Philémon. Or cette première œuvre BD de GENEVIÈVE LEBLEU est plus que cela. Véritable Alice au pays des merveilles du féminisme ­québécois, Sarclage constitue une puissante fable sur l’amitié féminine, de même que sur les non-dits et les entraves à la sororité.