Ne sommes-nous pas Québécoises ?

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Fille d’immigrants portugais, élevée à Montréal, Rosa Pires a longuement milité dans les cercles féministes et souverainistes québécois. Depuis le référendum de 1995 et plus encore avec la Charte des valeurs du Parti québécois de Pauline Marois, quelque chose s’est brisé en elle. Dans Ne sommes-nous pas Québécoises ?, aux Éditions du remue-ménage, elle interroge le rapport qu’entretient l’identité québécoise avec les femmes issues de la deuxième génération après l’immigration. Cet essai, à la fois documenté et personnel, est issu d’une thèse de maîtrise présentée à l’UQAM. L’on y lit les réflexions de l’auteure éclairées par les témoignages d’une dizaine de femmes, francophones, militantes et instruites, issues des minorités visibles. Leurs constats convergent ; le passage d’un nationalisme civique vers un nationalisme identitaire tend à accentuer le sentiment d’exclusion de ceux qui ne sont pas considérés comme « de souche ». Ce mouvement, loin d’être exclusif au Québec, se manifeste un peu partout en Occident et est moussé largement par les intellectuels de droite et a donné naissance ici à des politiques comme la Loi 21. Il en résulte que les enfants de ces femmes rejettent massivement la notion d’identité québécoise, ce qui laisse présager des fractures sociales peu rassurantes pour l’avenir de la nation.