Louis : Poèmes hérétiques

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Dans Louis : Poèmes hérétiques, Gregory Scofield, écrivain métis de descendance crie, irlandaise, anglaise, française et juive, s’approprie la figure du Métis Louis Riel, qui a été pendu, rappelons-le, pour ses idées politiques jugées séditieuses à son époque. Scofield, qui enseigne la littérature des Premières Nations et des Métis à l’Université de Victoria, jette un nouvel éclairage sur le politicien : en effet, l’ouvrage, traduit vers le français par Daniel Aubin et divisé en quatre sections, à savoir « Le Garçon », « Le Président », « Le Porte-parole » et « L’Homme d’État », montre un côté plus humain et même touchant du leader politique. Résolument hybride (et ce n’est pas sa seule qualité, loin de là), le recueil entremêle différents types de textes et de discours : extraits de journaux intimes et de poèmes de Riel, indications biographiques, prières, déclarations historiques, entrevues, discours de propagande. En résulte une poésie hétérogène et magnifique mélangeant avec bonheur les genres, les tons, les registres ; une écriture de l’Autre où l’ordinaire, le trivial et le très intime côtoient l’extraordinaire et le révolutionnaire : « va chier ! / / Je ne me consacre ni à un chef-d’œuvre / de la rhétorique, ni à un sermon de la permission, / ni à une remontrance enjolivée. / / Ce que je déclame ici, devant vous, / est un sermon de délivrance, un feu convaincant / qu’on se doit d’enflammer ».