Le chasseur de brouillard

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Christopher Nelles, éminent médecin pathologiste, au ton caustique et abrasif, en mène large au Laboratoire de pathologie judiciaire de Montréal. Bien qu’il soit d’une condescendance violente, animé par un profond mépris pour les incompétents (qu’il voit partout), dénué d’empathie, colérique et qu’il mitraille tout le monde de sarcasmes, vit étonnamment encore en couple. Toutefois, sa femme, Judith, mi-quarantaine, perd petit à petit ses moyens, la maladie d’Alzheimer semble lui voler jusqu’au souvenir de leur fils expatrié aux États-Unis. Peu enclin à sympathiser avec les craintes de sa femme, persuadé qu’elle n’est pas atteinte de cette maladie, il rechigne à lui concéder l’écoute dont elle a besoin. D’autant plus qu’il tente de résoudre une énigme au sujet de la mort d’une adolescente pleine d’ecchymoses, Alana Threlfall, qu’il considère comme accidentelle, opinion que la presse à sensations n’achète pas, croyant plutôt à un meurtre et soupçonnant sa mère adoptive. Dans Le chasseur de brouillard, premier roman de Katy Boyer-Gaboriault, thanatologue (ce qui la qualifie d’emblée pour écrire un livre sur le sujet), on assiste ainsi au feu roulant des agaceries et tourments que la vie inflige à ce personnage de médecin pour le moins antipathique, mais qui a pourtant déjà su aimer.