L’apparition du chevreuil

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C’est au cœur de la récente tempête de dénonciations d’agressions faites aux femmes qu’Élise Turcotte a écrit L’apparition du chevreuil, le produit d’un dialogue intérieur l’ayant occupée pendant plusieurs années. Aussi publié aux éditions Le mot et le reste en Europe francophone, le dernier roman de l’autrice a connu un accueil remarqué au Québec, où il s’est retrouvé finaliste du prix Ringuet et du Prix des libraires du Québec, en plus de se tailler une place dans la présélection du prix France-Québec.
Dans ce livre court et dense à la forme déstabilisante, une écrivaine s’isole dans un chalet « quelque part dans la forêt » afin d’échapper aux menaces qu’elle reçoit sur les médias sociaux, après s’être prononcée contre des propos violents adressés aux femmes. Enveloppée par la neige qui envahit peu à peu son environnement, la narratrice laisse les souvenirs se frayer un chemin sur la page. Le vin aide à la désobéissance de l’écriture, qui est alimentée par un instinct de survie puissant. Mis à part le propriétaire du chalet, personne n’est censé savoir où la trouver. La maison voisine, la seule à des kilomètres, est inhabitée depuis longtemps et grugée par la mérule, un champignon qui s’attaque au bois de charpente. Mais la narratrice ressent une présence, qui finit par se matérialiser devant ses yeux. Elle se remémore l’arrivée de son beau-frère dans la cellule familiale, la violence des hommes qu’il incarne à lui seul. Ce qu’elle cherchait à fuir serait-il venu la retrouver ? Un roman qui brise tant les idées masculinistes que les conventions littéraires et la linéarité du récit.