La grosse laide

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Dessinatrice autodidacte, MARIE-NOËLLE HÉBERT explore dans sa première BD, La grosse laide, des ambiances sombres, angoissantes, quasi oniriques, à la frontière du cauchemardesque… ou du moins du rêve angoissé. Derrière les contours flous de ses illustrations au crayon graphite, l’autrice se raconte par bribes, s’enfouit derrière la honte de son corps. Tout y passe : la pression familiale, les flashbacks d’intimidation, les amours déçues. L’autrice se console dans la nourriture, engloutit des sacs de chips au complet en réaction à cette pression à la minceur et autres diktats de la beauté qu’elle subit. Elle se répète un mantra crève-cœur : « cacher son corps qui est une honte/s’effacer avec des subterfuges vestimentaires/s’ignorer et suivre la tradition/si t’es grosse, tais-toi ». Hébert dénonce une société grossophobe ayant poussé les membres de sa famille, a fortiori les femmes, à juger qu’il était plus important de lui enseigner à rentrer le ventre plutôt qu’à se redresser. Une BD coup de poing ayant remporté le Prix des libraires du Québec dans sa catégorie en 2020.