Chienne

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« Parmi toutes les lois du père, il y en avait une d’ordre capital : ne pas raconter » Ainsi commence le premier roman de Marie-Pier Lafontaine, Chienne, une autofiction inspirée de son enfance dans une famille où la cruauté, la souffrance et l’abus sous toutes ses formes en faisaient partie du quotidien. La marque laissée par les coups (et les mots) d’un père sadique, psychopathe, excité par l’humiliation et la douleur qu’il imposait à ses enfants, mais aussi celle de la mère qui participe à l’inceste par son silence et sa banalisation de la violence, est si profonde que la narratrice sait qu’elle ne se cicatrisera probablement jamais. Il lui reste pourtant ce désir viscéral de vengeance par les mots, de n’épargner personne s’il le faut, puisqu’elle doit l’atteindre, lui : « Que m’arrivera-t-il si ce texte ne suffit pas à le tuer ? » Entre scènes percutantes et dures de l’enfance et introspections de la narratrice sur l’écriture de ce récit et de ses implications, ce roman est bien loin du traditionnel témoignage. Publié en Europe par Le Nouvel Attila, Chienne est lauréat du Prix Sade 2020 et en lice pour le Prix des Rendez-vous du premier roman 2020-21.