Ceci est mon corps

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Sur le site Internet du Groupe Nota bene, on peut lire : « Excès, décalage, provocation, hybridité, déviance : le queer est une attitude, un rapport décentré au monde, et c’est son esprit insaisissable que la collection “Queer” souhaite incarner par la publication d’œuvres littéraires sans mention de genre, qui posent des questions aux différentes “normalités”. Les livres de la collection inventent, à travers leur langue, leur forme et leur contenu, une littérature impossible à ignorer, qui hurle la douleur du monde et célèbre le spasme de vivre. » Il s’agit d’un programme dans lequel s’inscrit parfaitement Ceci est mon corps, de Michael V. Smith, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, cinéaste et performeur. Inclassable, intégrant à la fois le récit, la poésie et l’essai, Ceci est mon corps, qui a été superbement traduit de l’anglais par Benoit Laflamme, est une autobiographie d’une puissance sans égale dans laquelle l’écrivain se livre avec une impudeur désar- mante. Smith dit tout : son enfance misérable dans une ville morne de l’est de l’Ontario ; l’intimidation dont il a été victime à l’époque de l’adolescence parce qu’il était efféminé et qu’il s’écartait des normes de la sacro-sainte virilité ; la découverte de son homosexualité ; son mal-être, qu’il essaie d’apaiser en carburant à l’alcool et en multipliant les rencontres sexuelles anonymes. Cru certes, l’ouvrage de Michael V. Smith est beaucoup plus qu’une succession de scènes explicites : il nous invite à remettre en question les concepts de sexe et de genre, trop réducteurs, et à repenser la sexualité telle qu’elle est perçue aujourd’hui.