Burgundy

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Premier roman percutant de Mélanie Michaud, Burgundy, dont le ton oscille constamment entre le comique et le tragique, raconte la jeunesse d’une narratrice qui jette un regard sans concession sur la Petite-Bourgogne des années 1980 – quartier plutôt pauvre à l’époque –, sur la vie en banlieue à Sainte-Catherine ainsi que sur le monde en général. Œuvre autofictionnelle déjouant les codes du genre, Burgundy est aussi un texte de rupture : la narratrice tente par tous les moyens d’échapper à l’influence de son milieu d’origine, qu’elle décrit comme misogyne et violent (il suffit de lire les quelques pages consacrées à la figure du père pour s’en convaincre), inculte et pauvre, mais elle ne peut pas se délester totalement du poids de son héritage familial et social. Porté par une écriture crue, oralisante et rafraîchissante qui se situe à la jonction des grandes voix poétiques publiées aux Éditions de L’Écrou et du joual de Michel Tremblay, le livre de Michaud rappelle le travail d’Annie Ernaux, en ce sens où les deux écrivaines utilisent le pouvoir évocateur des mots pour retracer leurs origines personnelles et sociales et les mettre à distance.