S’il te plaît, raconte-moi une histoire !

Mainte fois primée et mise à l’honneur pour la force et l’immense qualité littéraire de son œuvre poétique, NATASHA KANAPÉ FONTAINE offre à ses lecteurs et lectrices un premier roman avec Nauetakuan. Un silence pour un bruit. Lu par l’artiste multidisciplinaire et metteuse en scène PEKUAKAMILNU SOLEIL LAUNIÈRE, le livre nous transporte rapidement au cœur d’une exposition des œuvres de l’artiste anichinabée Rebecca Belmore sur laquelle Monica, le personnage principal, doit rédiger un article. Mais l’événement dépasse vite la perspective professionnelle et Monica, du fond de sa solitude et de son sentiment d’isolement, est happée par la force de l’esthétique, du langage et de la performance de l’artiste. Un choc qui aura un impact décisif sur la suite de sa vie.

Comme des confettis, les personnages du premier roman de MARIE-ÈVE THUOT savent d’où ils viennent… Mais pas toujours où ils s’en vont. Et dans cette fresque en quatre temps, archivant le récit des relations amicales, familiales, sexuelles et amoureuses de plusieurs générations d’une même famille, leur destin met à l’épreuve toutes les limites du possible, caressant souvent au passage celles qui, théoriquement, ne se franchissent pas. Parce que quand on aime, on envisage parfois jusqu’à l’inimaginable. Prix des libraires du Québec 2020, Prix des Rendez-vous du premier roman — Lectures plurielles et finaliste de plusieurs autres prix la même année, La trajectoire des confettis, œuvre magistralement maîtrisée de l’écrivaine Marie-Ève Thuot et lue par la merveilleuse SOPHIE CADIEUX, mérite toutes les louanges qu’il a su s’attirer jusqu’à maintenant. Et plus encore !

Lire un livre de l’écrivaine et poétesse HÉLÈNE DORION, c’est déjà formidable. Mais écouter cette dernière nous lire un de ses livres est une expérience absolument incomparable. Récemment lauréate du Prix Catullo – Catégorie internationale, prix décerné par l’Académie mondiale de poésie, Hélène Dorion a également été finaliste au prix Alfred-DesRochers en 2021 pour Pas même le bruit d’un fleuve, son roman le plus récent. Souvent inspirée par la nature, c’est par la mer que l’écrivaine aborde, dans cette fiction, le thème de la famille et, plus précisément, celui du passé de la mère et pose cette question à la tournure sibylline : « Sait-on jamais la vérité entière de nos parents ? » Une question à laquelle Hannah, la narratrice du roman, tentera de répondre en explorant les souvenirs de sa mère récemment décédée. Enveloppée par la sublime musique de la violoncelliste et compositrice Julia Kent, Hélène Dorion nous fait le cadeau d’une lecture parfaite de ce texte qui prend le risque des profondeurs.

INDIA DESJARDINS l’affirme d’entrée de jeu : elle est une fan de la première heure de Sex and the City. Elle réagit, d’ailleurs, avec beaucoup de recul face aux critiques soulignant le côté un peu « mal vieilli » de la série culte. Mais une publication Instagram croisée pendant une nuit d’insomnie pandémique soulève tout de même une interrogation chez elle : « Et si les comédies romantiques n’étaient pas si innocentes ? » Car même si elle considère, encore aujourd’hui, comme rafraîchissante la façon décomplexée dont Sex and the City aborde le sujet explosif de la sexualité féminine, un regard moins complaisant posé sur les relations de Carrie, le personnage central de la série, n’est pas sans susciter un malaise. Lu avec un aplomb stimulant par MARIE-CLAUDE GUÉRIN et faisant entendre, ça et là, l’ambiance grouillante des rues new-yorkaises, la version audio de ce premier essai de la romancière India Desjardins, Mister Big ou la glorification des amours toxiques, pose un regard pertinent sur l’aliénation des happy endings.

Camille, la narratrice de Grand huit, a peut-être, toute fictionnelle qu’elle soit, des atomes crochus avec India Desjardins lorsqu’elle af firme que « toutes les jeunes filles de [son] âge ont avalé trop de comédies romantiques… » Mais au-delà de l’autocritique générationnelle légèrement teintée de cynisme, Camille cache un malaise qu’elle ne réussit plus à faire taire malgré les soirées alcoolisées et enfumées où elle trouve refuge auprès de son meilleur ami Jean-Christophe. Et lorsqu’elle rencontre l’éblouissante Lou dans un banal party de finissants, tout son édifice intérieur s’ébranle avec, pour ambiance musicale, le trémolo intense de Christina Aguilera. Lu par MARIE-ANICK BLAIS avec la participation de plusieurs comédiens, le roman Grand huit d’ÈVE LANDRY parle avec poésie, sensualité et sensibilité de ces amours qui révèlent notre vulnérabilité, mais pour lesquels on est prêts à tout af fronter. Même, et surtout, ce qui s’ef frite à l’intérieur de nous.

« Les faits vécus décrits dans ce livre sont romancés. Seuls les sentiments sont véridiques... » Au début du roman de MIA CARON, on a presque envie de croire au Prince Charmant. Il est blond, beau, attentionné, plein de projets, bref, un spécimen rarissime qui fait croire à la narratrice qu’elle a, peut-être, trouvé « le bon ». Mais lorsque M. Perfection fait pas mal trop « de l’œil » à une maquilleuse de fleurs de lys de la Saint-Jean, notre rêveuse se retrouve seule avec ses envies d’exclusivité. Et L’après-Jérôme se retrouve à compiler les rendez-vous virtuels sur applications de rencontres et à faire le récit, parfois catastrophique, des pires expériences de dates possibles, destinées à remplacer l’homme parfait pas si parfait finalement… Lu par l’autrice elle-même, qui réussit avec brio à souligner les nombreux moments d’humour et la sensibilité de son roman, L’après-Jérôme est l’histoire d’un cœur brisé qui continue de trouver, malgré tout, des raisons d’espérer, de s’étonner et de rire.

« Le sujet de ce livre, l’un de ses sujets, c’est la honte ». Récipiendaire du Prix des libraires du Québec 2019 et finaliste au Prix littéraire des collégiens 2020, Ouvrir son cœur, premier roman de l’autrice et poétesse ALEXIE MORIN, porte bien son titre. Car si cette dernière y raconte, comme dans tout roman auto- biographique digne de ce nom, des moments de sa vie d’enfant et d’adolescente du Windsor des Cantons-de-l’Est, elle va plus loin que le simple récit. Sa plume généreuse mais acérée questionne. Examine. Scrute chaque moment dévoilé avec le souvenir des sentiments d’alors, doublé du regard plus mature et aiguisé de la femme qu’elle est devenue. Un exercice de vérité qu’elle pratique sans complaisance. Ainsi, entre les amitiés fondamentales, la vie de famille et l’apprentissage compliqué d’une vie sociale qui semble facile pour tout le monde sauf elle, Alexie Morin, par la voix parfaite d’ÈVE LANDRY, dont le ton s’harmonise avec celui du récit, ouvre vraiment son cœur afin de remplir le nôtre.

Dire que l’autrice VANESSA BEAULIEU ne l’a pas eu facile est un euphémisme. Confrontée à l’âge de 19 ans au décès accidentel brutal de son frère et, 2 ans plus tard, à l’AVC de son père qui a laissé celui-ci complètement dépendant d’elle au quotidien, Vanessa Beaulieu s’est retrouvée très jeune les épaules et la tête chargées d’obligations familiales et professionnelles trop lourdes pour elle. Son expérience lui faisant mesurer l’immense portée de la santé mentale sur la qualité de vie, elle est partie à la rencontre d’autres personnes ayant vécu, et vivant encore aujourd’hui, des défis quotidiens liés à cette sphère de la santé. Une quête qui a donné naissance à l’ouvrage Mes tempêtes intérieures au cœur duquel vingt-cinq personnes œuvrant dans dif férents domaines publics, dont Biz, Ingrid Falaise, Jean-Nicolas Verreault et Florence K, se livrent sur les écueils personnels et les remontées salvatrices qui ont jalonné leurs vies. Par la lecture sentie de MYLÈNE ST-SAUVEUR, qui rend pleinement justice au caractère émotif et intime de ces confidences, ce livre de Vanessa Beaulieu conforte, console et ouvre une porte vers une possible libération.

Pour la majorité d’entre nous, il est dif f icile de réaliser, autrement qu’à travers les réactions de notre entourage, que nos gestes ont un impact plus vaste que nous sommes en mesure de l’imaginer. Considéré comme l’un des plus importants chefs spirituels du bouddhisme tibétain, ORGYEN TRINLEY DORJE, 17e karmapa reconnu de l’actuel Dalaï-Lama, s’attarde justement sur ce sujet dans le livre Interconnectés. Réenchanter le monde ensemble. « Nous vivons dans un monde où nous sommes tous connectés à un niveau fondamental, avec l’environnement naturel qui nous maintient en vie. » Développant le thème en privilégiant la judicieuse expression interdépendance, le chef spirituel nous invite à réfléchir sur les changements qu’une meilleure réalisation de cette réalité pourrait avoir sur notre vie quotidienne, mais, également, dans toutes les sphères du monde qui nous entoure… et dont nous faisons partie. Lu par la voix profonde du comédien bien connu RENÉ GAGNON, dont le rythme paisible de lecture souligne avec intensité la dimension spirituelle du propos, Interconnectés est un ultime appel vers une solidarité globale.

Dans une petite ville du Manitoba, par un très chaud matin d’été, Christine marche avec ses échasses. Et c’est justement ce jour-là, alors qu’elle s’imagine être La Vérendrye, partie à la découverte de « toutes les terres à l’Ouest jusqu’aux montagnes Rocheuses », qu’elle fera la connaissance du vieillard. Un homme vieux, oui, mais à l’esprit toujours jeune et à la parlure poétique. Rencontre qui marquera le début de grandes aventures, de beaux rêves un peu magiques… et de profondes discussions ! Le vieillard et l’enfant, née de la plume immense de GABRIELLE ROY et lue par la grande comédienne MARIE-THÉRÈSE FORTIN, s’accompagne des très belles chansons composées par Daniel Lavoie, Dominique Fortier et Christian Vézina. Un livre disque aux illustrations douces et harmonieuses, pleines de vent, de chaleur et d’un petit peu de mer…

Premier roman apocalyptique de l’auteur et entomologiste de formation CHARLES-ETIENNE FERLAND, Dévorés a tout du « roman d’infestation » classique, et ce, même si les bestioles concernées n’ont pas du tout la taille habituelle. Certainement inspiré par son champ d’études, le romancier imagine une invasion monstrueuse de guêpes agressives et furieusement voraces qui commencent un carnage en ravageant, en à peine quelques jours, les réserves de nourriture mondiales. Non contentes de ce premier gueuleton substantiel, elles décident d’adopter une nouvelle proie : l’être humain. Survivant tant bien que mal dans les vestiges de la métro-pole montréalaise, Jack, le personnage principal, attrape vite la rumeur d’une île du lac Ontario où les chances de survie semblent être plus grandes. Fidèle à la dynamique et au suspense inhérents associés au roman de survie, Charles-Etienne Ferland construit une histoire à la fois sombre et trépidante, qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page, un suspense auquel YVON LEBLANC sait donner vie avec sa lecture expressive.

Après un premier roman publié en 2016 aux Herbes rouges intitulé Sous le lit, PAULE BAILLARGEON, qui ne mâche pas ses mots, a réitéré en 2020 avec Une mère suivi de Trente tableaux, un texte puissant et bouleversant. Lu par l’autrice, dont le talent d’actrice s’exprime ici sans contredit, le récit Une mère fait le portrait d’une femme complexe, la mère de la narratrice, en qui Paule Baillargeon voit la responsable d’une souf france que les trois enfants de la famille portent encore aujourd’hui et qui a détruit leur père. Par cet immense et émouvant cri du cœur, l’autrice cherche, en racontant la vie de sa mère depuis les débuts, à sortir de la dépression chronique qui pèse sur sa vie depuis fort longtemps. Un parcours d’existence qui trouve une part de lumière et de fulgurance dans Trente tableaux, texte du film au cœur duquel Paule Baillargeon revient sur des moments déterminants de sa vie de femme et d’artiste.

Amis depuis plusieurs années, Sara et Sébastien se racontent tout et connaissent les moindres détails des histoires foireuses qui s’échouent de façon monumentale, chacun de leur côté, sur la rive de leurs peines d’amour. Aussi, lorsqu’ils se retrouvent tous les deux célibataires en même temps, Sébastien a une idée de génie et la voiture douteuse qu’il faut pour la réaliser : un road trip entre amis ! Mais à la veille du départ vers l’aventure, Marjorie, grande amie et colocataire de Sara, sème le doute dans l’esprit un peu aviné de cette dernière : Sébastien est-il réellement un ami ou l’incarnation d’une multitude d’occasions manquées d’être plus que ça ? Réunissant tous les ingrédients nécessaires à une bonne comédie romantique, En route vers nowhere, second roman de l’autrice SOPHIE LAURIN, lu par l’énergique CATHERINE LAVOIE, n’a aucun mal à nous entraîner avec lui sur la route de l’amitié… Ou de l’amour ?