Littérature jeunesse
Je suis malade !
complètement malade !
Pierre-Alexandre Bonin
Les parents (et ceux qui travaillent avec des enfants !) savent à quel point la liste des bobos, petits et grands, peut être longue. Parfois, c’est un simple rhume ou une douloureuse otite. Mais à d’autres moments, le diagnostic est plus grave. Il arrive aussi que ce soient les adultes eux-mêmes qui tombent malades, ce qui peut effrayer les tout-petits et même les plus grands.
Bien que le thème de la maladie n’ait rien de réjouissant en soi, la liste de suggestions qui suit propose tout de même des romans, des albums et des documentaires qui abordent le sujet avec sensibilité, délicatesse, et parfois même avec humour (oui, oui !). Que ce soit pour expliquer certaines conditions, pour permettre à des jeunes atteints de maladie de s’identifier à un personnage dans la même situation, ou encore pour redonner espoir à ceux qui souffrent, les titres qui suivent ont tous en commun leur profonde humanité et leur regard différent sur cet enjeu.
Suggestions de livres
Simone sous les ronces
Maude Nepveu-Villeneuve, illustré par Sandra Dumais
Simone a un vélo rouge à deux roues, des souliers rouges avec des étoiles et une doudou en forme de lion vraiment doux. Mais Simone a aussi des ronces invisibles qui poussent dans son ventre et qui l’empêchent de bouger et qui éloignent les autres comme si elle était un porc-épic. Comment Simone pourrait-elle se débarrasser de cette plante envahissante ? Peut-être que Solange, son enseignante, aurait une solution ? Simone sous les ronces est le premier album de Maude Nepveu-Villeneuve, illustré par Sandra Dumais. L’auteure y traite de l’anxiété infantile, un problème de plus en plus fréquent. Avec des mots simples et des images fortes, elle parvient à faire de Solange une enfant réaliste et crédible, avec ses craintes et ses interrogations. Les illustrations de Sandra Dumais apportent une touche d’humour et de tendresse à cet album essentiel. Un livre à lire avec les enfants, pour aborder l’anxiété et pour donner des trucs pour la surmonter.
Fonfon, coll. « Histoires de vivre », 2019, 32 p. 19,95 $Le lion de Jacob
Russell Hoban et illustré par Alexis Deacon
Jacob est atteint d’une maladie grave et potentiellement mortelle. Une opération risquée pourrait toutefois le sauver. Sauf que le garçon a peur de se perdre dans ses rêves lorsqu’il sera sous anesthésie. Heureusement, Bami, son infirmière, lui apprend l’existence des Dénicheurs, des créatures chargées de nous retrouver lorsque nous sommes perdus. Mais Jacob découvrira-t-il l’identité de son Dénicheur ? Et retrouvera-t-il son chemin ? Le lion de Jacob est un magnifique roman graphique écrit par Russell Hoban et illustré par Alexis Deacon. Le texte puissant d’Hoban est superbement accompagné par les dessins de Deacon rappelant l’aquarelle. Cette œuvre unique est une ode à la résilience et au courage face à la maladie. Utilisant des métaphores animales pour représenter les craintes de Jacob, ce roman graphique est une expérience littéraire en soi. À découvrir absolument et à offrir aux enfants qui doivent affronter une maladie grave.
Monsieur Ed, 2019, 88 p. 22,95 $Un géant dans la tête
Danielle Loranger
Mathis a seize ans et est atteint d’hémophilie. Malgré sa stature athlétique, il ne peut pas jouer au hockey ou au football en raison du grand risque de blessures que ces sports impliquent. Excellent joueur d’échecs, il est un adversaire redoutable que seul son père parvient à contenir. Toutefois, depuis le décès de sa mère, ce dernier ne joue plus. Mathis parviendra-t-il à redonner le sourire à son père et à continuer de vivre normalement malgré sa maladie ? Danielle Loranger a écrit et illustré Un géant dans la tête, dédié à son fils Meech Kean, décédé d’hémophilie à l’âge de seize ans. Ce magnifique album aborde plusieurs sujets plutôt lourds, dont la maladie de Mathis et ses conséquences sur sa vie quotidienne. Pourtant, l’adolescent garde espoir et ne s’empêche pas de vivre des aventures avec son père, dont un voyage au Nouveau-Brunswick qui changera sa vie. C’est un livre très personnel et en même temps tout à fait universel, qui met de l’avant une maladie génétique peu connue. D’ailleurs, on retrouve une courte explication des causes et symptômes de l’hémophilie à la fin de l’ouvrage.
Bouton d’or Acadie, coll. « Étagère Tout-terrain », 2019, 52 p. 19,95 $Une histoire de cancer qui finit bien
India Desjardins
Âgée de quinze ans, la narratrice souffre de leucémie depuis maintenant cinq ans. À la veille d’une rencontre cruciale avec le médecin au sujet de son état, elle revient sur divers épisodes des dernières années, que ce soit ses séjours à l’hôpital, son copain Victor ou sa relation parfois complexe avec ses parents. Comme son titre l’indique, Une histoire de cancer qui finit bien raconte comment une adolescente doit composer avec une maladie qui affecte de plus en plus de gens. Heureusement, la bande dessinée donne de l’espoir à ceux et celles qui en sont atteints. India Desjardins signe le texte tout en retenue de cet album, alors que Marianne Ferrer appuie l’histoire avec des illustrations à la fois touchantes et emplies de douceur. C’est un livre qui fait du bien, malgré les moments difficiles traversés par la narratrice. Un livre nécessaire. Un livre à lire absolument.
La Pastèque, 2017, 88 p. 24,95 $Nozophobia
Mathieu Fortin
Valek habite à Nozophobia, une cité aseptisée où les citoyens sont quotidiennement soumis à des examens médicaux pour vérifier qu’ils n’ont aucune maladie. L’adolescent espère devenir Désinfecteur, un agent des forces de l’ordre au service du gouvernement Miersk. L’une de leurs fonctions est de détecter les victimes de l’empeste, une maladie hautement contagieuse, et de les exiler hors de la Cité pour éviter toute propagation. C’est justement le sort qu’a subi le père de Valek, quelques années plus tôt. Mais un incident impliquant l’adolescent viendra bouleverser la vie de tous les habitants de Nozophobia, et plus particulièrement celle de Valek lui-même… Nozophobia est un roman de science-fiction de Mathieu Fortin. Dans cette dystopie, les gens ont une peur bleue des germes et des maladies, ce qui donne une œuvre originale et fort pertinente en cette époque d’aseptisation à tout crin. L’intrigue rondement menée plaira aux adolescents avides de sensations fortes. Hypocondriaques s’abstenir !
Bayard Canada, coll. « Crypto », 2018, 328 p. 19,95 $Maddox et Xavier
Marie Potvin
Xavier et Maddox sont les deux meilleurs amis du monde, au point où ils se considèrent comme des frères. Ainsi, lorsque Xavier apprend la mort de son père, soldat déployé à l’étranger, les deux adolescents décident de fuguer. Rapidement retrouvés par un ami de leurs familles respectives, ils sont ramenés chez eux, mais devront subir les conséquences de leur geste. Maddox, dont le père est un politicien très en vue, est envoyé en pension chez les Crown pour tenir compagnie à James, un adolescent souffrant d’une tumeur au cerveau. Quant à Xavier, il n’a aucune envie de retourner vivre avec sa mère, qui souffre d’accumulation compulsive. Pour les deux adolescents, l’été s’annonce particulièrement mouvementé… Maddox et Xavier constitue un antépisode au populaire univers des Filles modèles, de Marie Potvin. Dans ce roman, l’auteure y aborde le stress post- traumatique lié à la guerre, le cancer et ses conséquences ainsi que le syndrome d’accumulation compulsive. Sans jamais tomber dans le pathos, l’auteure parvient à donner vie à des personnages crédibles, parfois détestables, parfois attachants. Un roman qui plaira autant aux fans de la série originale qu’à ceux qui ne la connaissent pas encore.
Éditions Les Malins, 2019, 336 p. 19,95 $Poids lourd
Sophie Laroche
Nathan a dix-sept ans, c’est un admirateur fini de Michael Jackson… et il pèse cent soixante-sept kilos. Il va bientôt subir une opération pour réduire la taille de son estomac de 90 %. L’adolescent est convaincu qu’une nouvelle vie s’annonce, loin de son obésité morbide et de la grossophobie ordinaire. Ce qu’il ne sait pas, c’est que le chemin vers la guérison et l’acceptation de soi est long et semé d’embûches. Sophie Laroche aborde la question de l’obésité morbide sans complaisance, mais avec franchise dans Poids lourd. À travers le personnage de Nathan, on suit le cheminement d’un adolescent sensible et le processus médical qui entoure la gastrectomie pariétale. Touchant et criant de vérité, ce roman aborde certaines des causes du surpoids et de l’obésité, qu’elles soient sociales, génétiques ou psychologiques, ainsi que le regard que les autres portent sur les personnes en situation d’obésité. Une lecture marquante.
Éditions de Mortagne, coll. « Tabou », 2019, 312 p. 16,95 $Maman n’est plus comme avant
Katia M’bailara, Marie Thomas et Léa Zanouy, illustré par Louise Catherine Bergeron
Quand les grands souffrent
Alexis ne comprend pas pourquoi sa mère est soudainement très excitée. Elle lui propose à lui, son frère et sa sœur, mille et une activités sans pouvoir se décider sur celle qu’elle voudrait faire. Puis, quelques semaines plus tard, elle n’a plus le goût de rien, reste couchée toute la journée et pleure souvent. Entre deux séjours de sa mère à l’hôpital, Alexis s’interroge sur ce qui ne va pas avec elle et se demande si ce n’est pas un peu de sa faute. Maman n’est plus comme avant… est un album écrit par Katia M’bailara, Marie Thomas et Léa Zanouy, trois psychologues spécialistes du trouble bipolaire, et illustré par Louise Catherine Bergeron. Les trois auteures y abordent le trouble bipolaire et ses conséquences sur la vie des gens qui en sont atteints, ainsi que les répercussions sur les enfants. À l’aide d’une histoire qui s’adresse aux jeunes, elles montrent les effets de la maladie sur un parent, mais insistent aussi sur le fait qu’elle peut être traitée efficacement. De son côté, l’illustratrice met en image les expressions utilisées par la mère pour expliquer son trouble à ses enfants, tout en donnant vie à cette famille unie et aimante. À la fin de l’album, on retrouve une section destinée aux parents pour expliquer aux enfants en quoi consiste le trouble bipolaire. Ce livre constitue donc une ressource essentielle pour rassurer les enfants et aborder une maladie qui peut les effrayer.
Ce livre est aussi disponible en version audio.
Dominique et compagnie, coll. « Une histoire sur… », 2018, 24 p. 21,95 $Stephan Hawking
María Isabel Sánchez Vegara illustrée par Matt Hunt
Stephen Hawking est l’un des scientifiques les plus importants de notre époque. Sa contribution à l’astrophysique et à l’étude des trous noirs est fondamentale pour notre compréhension de l’Univers. Pourtant, dans la vingtaine, Hawking a reçu un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi connue sous le nom de maladie de Lou Gehrig. Cela ne l’a pas empêché d’écrire l’ouvrage scientifique le plus vendu au monde ! María Isabel Sánchez Vegara raconte la vie du célèbre scientifique dans Stephan Hawking, une biographie illustrée par Matt Hunt. Dans une langue simple et accessible, l’auteure revient ainsi sur les moments marquants de l’existence de Hawking, de sa naissance jusqu’à son voyage dans l’espace pour son 65e anniversaire. Les illustrations aux traits enfantins de Matt Hunt présentent le scientifique sous un tout nouveau jour, à hauteur d’enfant. Une biographie à dévorer !
La courte échelle, coll. « De petit à grand », 2019, 32 p. 16,95 $Terry Fox
Johanne Ménard illustrée par Pierre Berthiaume
Terry Fox est sans contredit l’une des icônes canadiennes les plus connues. Son combat contre le cancer, mais surtout son Marathon de l’espoir à travers le Canada l’ont rendu célèbre dans les années 1980, et sa mémoire est aujourd’hui encore saluée avec la journée Terry Fox en septembre, célébrée dans près de 25 pays ! Johanne Ménard nous invite à (re)découvrir ce jeune homme exceptionnel dans sa biographie Terry Fox, illustrée par Pierre Berthiaume. On y apprend toutes les épreuves surmontées par le jeune homme, ainsi que sa détermination sans faille et son immense courage face à la maladie. Voilà une lecture inspirante pour faire découvrir un héros national qui a lutté pour amasser des fonds pour la recherche sur le cancer.
Éditions Michel Quintin, coll. « Connais-tu ? En couleur », 2019, 64 p. 12,95 $Pierre Lavoie
Jesica Lapinski, avec des illustrations de Josée Tellier
La majorité des enfants d’âge scolaire (et leurs parents !) connaissent le Grand Défi Pierre Lavoie et les cubes d’énergie qui y sont associés. Mais probablement que peu d’entre eux savent qu’à l’origine de ce défi, il y a une maladie incurable, l’acidose lactique, dont sont décédés deux des enfants de Pierre Lavoie. Héréditaire, la maladie touche particulièrement les habitants du Saguenay–Lac-Saint-Jean, d’où sont originaires Pierre Lavoie et sa conjointe. C’est grâce à sa remarquable endurance et à sa détermination sans faille que ce sportif est parvenu à sensibiliser la population à cette maladie, en plus de faire bouger des milliers d’enfants partout au Québec. Dans un style à mi-chemin entre la biographie et le roman, Pierre Lavoie, écrit par Jesica Lapinski, avec des illustrations de Josée Tellier, dresse un portrait de l’infatigable sportif, de son enfance à L’Anse-Saint-Jean, jusqu’à ses compétitions Iroman à Hawaï. On y découvre un homme humble, qui n’a jamais oublié ses origines modestes, et qui a été durement marqué par la maladie qui a emporté ses enfants en bas âge. Une lecture instructive et jamais ennuyante pour mieux connaître un sportif inspirant !
Petit Homme, coll. « Raconte-Moi », 2017, 128 p. 11,95 $13 000 ans et des poussières
Camille Bouchard
Quand Jade apprend que sa mère a demandé l’aide médicale à mourir, elle est sous le choc. Adoptée en Chine quand elle était bébé, elle a l’impression de subir un deuxième abandon. En plus de ce deuil annoncé, l’adolescente vit régulièrement de l’intimidation à l’école et a l’impression d’être seule au monde. Heureusement, l’arrivée d’un nouvel élève ainsi que les liens familiaux qui l’unissent à son père et son frère vont l’aider à passer à travers cette épreuve. Avec 13 000 ans et des poussières, Camille Bouchard aborde un sujet brûlant d’actualité. Le personnage de Jade est criant de vérité, et c’est à travers ses yeux qu’on voit le processus qui mène à l’obtention de l’aide médicale à mourir. On partage son sentiment d’injustice face à la maladie qui rend la souffrance de sa mère intolérable. Voilà un roman percutant pour alimenter des discussions autour d’un sujet sensible.
Soulières éditeur, coll. « Graffiti », 2017, 160 p. 14,95 $