On devrait peut-être s’écouter ?

 Verdunland, c’est un voyage dans une réalité parallèle, dans un Verdun imaginaire, magnifié, réinventé. À travers de courts textes poétiques, les auteurs et narrateurs BARON MARC-ANDRÉ LÉVESQUE et TIMOTHÉE-WILLIAM LAPOINTE nous proposent une visite guidée dans ce quartier semi-imaginé (où l’on devine tout de même l’inspiration tirée du réel) et une rencontre avec ses habitants, ses personnages, ses lieux. Récit fantasmagorique et folklorique, sur un ton poétique, humoristique et légèrement décalé, on découvre un Verdun quelque peu surréel en allant à la rencontre de Nancy, l’ogresse du village, du Géant, du Parc mobile et du voisinage. On y rencontre le beau, le laid, le vrai. Les personnages, rendus presque magiques à travers cette poésie urbaine ponctuée de musique et d’ambiances sonores, en font un objet littéraire tout particulier et absolument charmant à écouter.

La version audio du livre Les villes de papier a quelque chose de cinématographique et s’écoute comme un film sur la vie d’Emily Dickinson. Ponctué d’une magnifique musique de PATRICK OUELLET et narré par l’autrice DOMINIQUE FORTIER, qui s’incarne elle-même, ainsi que par MARIANNE MARCEAU, dont la voix douce mais franche transporte et fait vibrer, le récit navigue entre une vie imaginée d’Emily Dickinson et le parcours de l’autrice, tous deux ancrés dans les lieux qui tissent et entremêlent leurs histoires. Des lieux réels ou rêvés, qui ont forgé autant Emily que l’autrice. Un roman autobiographique et fictif qui explore les endroits que nous habitons et qui nous habitent aussi, ces espaces que nous créons et dont nous avons besoin pour exister.

Dans un récit franc où l’humour permet d’endurer la dureté et la cruauté de la vie, MÉLANIE MICHAUD trace les contours d’une enfance rude dans la Petite-Bourgogne, qu’elle nomme « juste Burgundy, comme les grands du quartier ». Elle raconte les souvenirs d’une enfant au parler cru qui tente de s’épanouir dans un environnement pauvre sur tous les plans. « On parlait mal et on mangeait mal. Mal nourrie de partout. J’ai été mal élevée. Comme des patates qui sont en spécial à la Grocery Steinberg. Pauvreté du langage et du ventre. J’aurais mieux aimé manger un dictionnaire en arrière de la tête. » La narratrice LARISSA CORRIVEAU livre une interprétation des plus justes. Les textes feront sourire malgré leur brutalité dépeignant l’influence des lieux que l’on habite et qui forgent la personne que l’on devient.

Dans son essai intitulé Sans voix et porté par la voix de DONA-BELLA KASSAB, BOCHRA MANAÏ jette les bases d’une longue réflexion et d’une tentative de dialogue transformateur sur les enjeux très actuels et chargés que sont l’islamophobie et la radicalisation, ce « processus d’incompréhension mutuelle ». À travers différents témoignages, observations et réminiscences d’événements qui ont bouleversé la planète entière, elle pose un regard inclusif sur des questions délicates qui ébranlent encore nos sociétés. On peut y entendre de courts textes qui s’écoutent comme on suit le fil d’une pensée bien étayée et qui alimentent la réflexion sur l’ouverture et la compréhension de l’autre dans un débat qui continue de faire rage partout autour de nous.