Un petit détour par les éditions Alire

« Comme la plupart des amateurs de polar, j’ai souvent rêvé d’assister à une véritable enquête… Et là, je suis torturée entre une espèce de voyeurisme pervers et la terrible réalité des événements. » Réveillée aux petites heures du matin après une soirée d’anniversaire bien arrosée, Catherine découvre avec horreur les cadavres du jeune Guillaume et de sa voisine Maryse dans l’appartement de celle-ci. Incapable de se résoudre à accepter que l’étudiant soit l’instigateur du drame, la bibliothécaire vieille fille se fera enquêtrice en herbe afin de trouver un sens à ces morts horribles. Réédition en poche du premier roman de CATHERINE SYLVESTRE, La Vieille Fille et la mort captive par son intrigue teintée de réalisme et par la sympathie spontanée que la personnalité drôle et attendrissante de sa narratrice provoque sans effort. Un étonnant mélange qui offre une bien agréable expérience de lecture !

Touche-à-tout de la littérature, JEAN-JACQUES PELLETIER a publié des romans, des nouvelles et des essais qui reflètent vivement sa préoccupation appuyée pour l’avenir de l’espèce humaine, pour les mouvements sociaux et politiques radicaux, ainsi que pour l’impact de ceux-ci sur l’évolution de nos communautés. Son vingt- troisième livre ne fait pas exception à la règle. Ponctué d’extraits de nouvelles alarmantes sur l’état actuel de la planète, Rien… met en scène l’enlèvement d’un groupe musical contesta- taire, l’assassinat du directeur de la SPVM et les machinations d’un excentrique et radical homme d’affaires afin de propager, de façon subliminale, ses idées extrémistes au monde. Effrayante de réalisme, cette œuvre aux accents dystopiques place le lectorat dans une atmosphère où la lente montée du chaos s’orchestre comme une mélodie de terreur dirigée par un chef d’orchestre aux ambitions sans limites…

Romancier et essayiste, THOMAS KING sait, lui aussi, avec un talent et une virtuosité indéniables, instiller une dose irrésistible d’humour dans les histoires les plus sombres. Quatrième roman de sa série mettant en vedette l’unique (et irrésistiblement sarcastique) Thumps DreadfulWater, Meurtres avec malveillance s’amorce dans un dilemme embêtant pour l’ex-policier de Chinook, au Montana. Préoccupé par son diabète et, surtout, par le cancer de son amoureuse Claire, le personnage central de la série hésite à accepter l’offre de participer à une téléréalité ayant pour objectif de revisiter les éléments entourant la mort de Trudy Samuels, considérée à l’époque comme accidentelle. Se méfiant tout d’abord du rouleau compresseur télévisuel qui risque, à plus d’un égard, de bousculer la quiétude habituelle de sa ville, Thumps DreadfulWater voit les événements le rattraper, l’entraînant un peu malgré lui vers une nouvelle enquête.

Souhaitant mettre les femmes à l’honneur dans un recueil de nouvelles où celles-ci pourraient occuper indifféremment les rôles de témoins ou de malfaitrices, ARIANE GÉLINAS et MAUREEN MARTINEAU, toutes deux écrivaines chevronnées, ont uni leurs forces et leurs talents pour nous concocter une œuvre commune sous le titre évocateur de Criminelles. Livre brillant et original rassemblant 13 nouvelles, une pour chaque mois de l’année (et deux pour le mois de mai), Criminelles cartographie non seulement le Québec sur tout son territoire, mais tire sa construction du calendrier sélène, qui suit le passage des différentes phases de la lune. Une exploration habile et inventive de la psyché féminine et un hommage amoureusement sombre aux grands espaces québécois.

Est-il possible de changer de métier quand on considère avoir la vocation du meurtre ? C’est la question qui obsède Charles McNicoll, professionnellement connu sous le nom de Monsieur Hämmerli. Tueur à gages et mélomane aguerri, sa rencontre avec la cantatrice Donatella Bartolini changera à jamais sa vision du gagne-pain dont il acquittait les tâches meurtrières jusque-là sans problèmes. Septième roman de RICHARD STE-MARIE, Monsieur Hämmerli sait faire ressortir le potentiel sentimental d’un personnage qui n’a rien de romantique et qui ne laisse jamais vraiment de côté sa nature meurtrière. Car comme le dit la « bête » elle-même en exergue: « Il n’y a rien de plus inéluctable que la mort, la vôtre, en l’occurrence, braves gens. »