La peur et le mal de vivre peuvent-ils être transmis de mère en fille? L’anxiété serait-elle intergénérationnelle? Voilà autant de questions que pose Sara Dignard dans Te dire où, son dernier recueil. Après Le cours normal des choses, également publié aux Éditions du passage en 2015 et pour lequel elle a remporté le prix Jovette-Bernier, l’écrivaine tente de se réconcilier avec ses origines, avec les figures maternelles qui l’ont marquée. Ce faisant, elle interroge son rapport à l’hérédité et à l’héritage de la souffrance : « je traîne une fatigue lourde de toutes les culpabilités lui invente des défaites acceptables couvre sa plainte qu’on ne retrace pas ses origines. » Sombre, parfois métaphysique, l’écriture de Dignard se montre aussi lumineuse par moments. En fait, Te dire où est l’œuvre d’une femme en marche qui cherche à retrouver le bonheur perdu, mais encore accessible : « j’aimerais tant retrouver la ruelle des chants premiers étirer ma chance jusqu’aux dos d’âne les roches une fois entre elles dans un frêle mouvement de joie des étincelles. »