Paru en 1895, Pour la patrie, du journaliste Jules-Paul Tardivel, fait office de véritable curiosité dans le panorama littéraire québécois. Il s’agit du premier roman séparatiste de notre histoire ! L’action se déroule dans les années 1940, soit cinquante ans après sa rédaction, alors que la République de la Nouvelle-France se forme sur les ruines de l’Empire britannique récemment déchu. L’histoire se lit comme un fantasme ultramontain où Dieu inspire les forces indépendantistes contre le fédéralisme satanique. On y circule à bord de trains électriques et on y communique à l’aide de plumes télégraphiques, que l’on pourrait assimiler au télex ou au fax, qui verront le jour bien plus tard. Si le roman est l’œuvre d’un polémiste bien ancré dans son époque, férue de messianisme et d’affirmation identitaire post-patriotes, il n’en demeure pas moins, pour le lecteur contemporain, un étonnant précurseur du roman d’anticipations qui met en scène quelques inventions qui trouveront un écho dans la réalité du siècle suivant.