Réfléchir en beauté

Dans son livre Au temps de la pensée pressée, le sociologue et animateur de radio JEAN-PHILIPPE PLEAU écrit « la poésie porte un regard sans cesse renouvelé sur le monde, mais encore faut-il avoir les yeux ouverts pour le voir à son tour ». Prendre le temps de regarder le monde, c’est exactement ce que le sociologue fait dans cet ouvrage composé d’une sélection d’éditos, ces textes qui concluent chaque semaine son émission Réfléchir à voix haute. L’auteur nous offre avec ces textes une suite à la conception du monde que l’anthropologue et ami Serge Bouchard lui a transmise.

La lettre aérienne de l’écrivaine NICOLE BROSSARD est parue pour la première fois en 1985, regroupant 12 essais de l’autrice écrits entre 1975 et 1985. Cette œuvre est devenue un essai phare des littératures lesbiennes. Faisant écho aux luttes féministes actuelles, la réédition de ces textes, témoin de nombreuses avancées sociales, nous rappelle la pertinence des mots de la poète, romancière et essayiste. « La lettre aérienne, c’est le fantasme qui me donne à lire et à écrire en trois dimensions, c’est mon laser. Espace-temps-mobilité dans l’Histoire avec cette vision qui permet de voir l’Histoire à même sa peau. »

Le cabinet de Barbe-Bleue de l’auteur THOMAS O. ST-PIERRE fait partie des premiers titres publiés dans la nouvelle collection « L’inconvénient » de Leméac, dédiée à l’essai littéraire. Inspiré par le conte de Charles Perrault, l’auteur voit dans le lieu de tous les interdits qu’est le cabinet de Barbe-Bleue la métaphore d’un endroit secret qui se trouve en nous « où nous cachons ce que nous jugeons susceptible d’empêcher les autres de nous aimer ». L’auteur entrouvre la porte de son cabinet au lectorat en abordant la timidité maladive qui l’habitait jeune, sa vulnérabilité et principalement l’expérience bouleversante de la parentalité.

Après les recueils de poésie Juillet, le Nord et Sestrales, l’autrice ANDRÉANE FRENETTE-VALLIÈRES clôt son cycle d’écriture ancré dans la Côte-Nord avec l’essai poétique Tu choisiras les montagnes, écrit par deux voix. L’autrice a en effet senti le besoin de créer Mona pour se permettre d’aller plus loin dans l’intimité. Les poèmes en prose de Mona alternent aux réflexions de l’autrice apportant comme un baume sur les cicatrices laissées par les gestes violents. « Vivre au grand jour : c’est ici. Recevoir les gens dans son intimité brutale : c’est cela, habiter une maison offerte. »