Apprendre… différemment

Longtemps j’ai cru que je n’étais bon à rien, mais jamais je n’ai pensé que j’étais idiot. Et pour cause. J’ai eu un mal fou à apprendre à lire. J’en ai dans ma chair le souvenir de douleurs physiques à force d’efforts démesurés. Il a fallu des années, très nombreuses, avant que l’activité de lire […]

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Longtemps j’ai cru que je n’étais bon à rien, mais jamais je n’ai pensé que j’étais idiot. Et pour cause. J’ai eu un mal fou à apprendre à lire. J’en ai dans ma chair le souvenir de douleurs physiques à force d’efforts démesurés. Il a fallu des années, très nombreuses, avant que l’activité de lire ne soit plus synonyme de souffrance. Peut-être la moitié de ma vie. Quant au plaisir, il s’est fait désirer jusqu’à tard dans mes jours. Écrire? Un chemin de croix qui tournait en rond, fait de chutes répétées et incessantes. Personne ne me croit quand je dis que je faisais cinquante fautes dans une dictée de cent mots. Mon cerveau s’en souvient. Ma mémoire est imprégnée d’images de pages couvertes de rouge et de notes minables. Une sorte de sacrifice expiatoire qui ne trouvait jamais sa rédemption. Tout était réuni pour me pousser au plus vite loin des bancs d’école. Je ne comprenais pas. Je ne me comprenais pas. La dyslexie était sans doute cachée dans les pages du DSM-II (à l’époque), mais le mot ne s’était pas rendu à mes oreilles, ni à celles de mon entourage. C’est bien connu : ce qui n’a pas de nom n’existe pas.

Collections consacre tout un numéro aux chemins de traverse de l’apprentissage. Il y a désormais à la disposition des enfants, des jeunes et des adultes des trésors de ressources pour avancer. Apprendre est une chance inouïe. La douleur n’est que de peu d’utilité pour y arriver. Quelle chance. Cela laisse toute la place à la confiance, à la curiosité et au travail. Et au talent qui est enfoui en chacun.

Dans ce numéro