Alors que le premier volume mettait en scène Marin, un garçon malin et débrouillard dont les lunchs font des envieux, dans une enquête où lui et ses camarades de classe tentaient de révéler l’identité de celui ou celle qui volait chaque midi ses délicieux sandwichs, la suite tant attendue des aventures de « La classe de Madame Tzatziki » est racontée du point de vue de Marie sous le titre L’alerte au feu. Ce second volume est aussi une enquête ; cette fois, on tente de découvrir qui est à l’origine de l’incendie de l’école alors en rénovation pour des problèmes de moisissure. On en apprend aussi davantage sur la réalité familiale de Marie, dont la mère est chômeuse.
C’est Célia Marquis qui cette fois-ci illustre le roman graphique, dans un style totalement différent du précédent, avec des dessins aux détails incongrus et un trait clair et arrondi. Elle travaille également sur une bande dessinée qui paraîtra à l’automne 2021.
Collections : Quel a été votre plus grand défi pendant l’écriture / l’illustration de ce livre ?
André Marois : Au-delà du défi d’inventer une nouvelle intrigue avec son enquête, mon défi a été de retrouver le ton du premier livre, mais en me glissant dans la peau de Marie après celle de Marin. Les touches d’humour, le style, l’action doivent donc avoir un lien de parenté, mais avec un caractère propre lié à Marie.
Célia Marquis : Je n’avais jamais entrepris un projet de cette envergure, et au départ j’ai eu du mal à évaluer le temps et la quantité de travail impliqués dans la réalisation des illustrations. Ça a occasionné des petits moments de panique à l’occasion, mais j’ai fini par trouver mon rythme et développer une meilleure méthode de travail.
Alors que Le voleur de sandwichs se terminait sur la résolution de l’enquête et la révélation assez comique de l’identité du coupable (et assez humiliante pour lui !), l’issue de cette enquête-ci est beaucoup plus nuancée et posée, et rend le « méchant » de l’histoire précédente plutôt attachant. Pouvez- vous nous parler de ce qui a motivé ce choix ?
A.M. : Dans la première version de mon synopsis, l’ancien concierge n’était pas présent. Lors de mes visites dans les écoles, je me suis rendu compte que les enfants ne le jugeaient pas si mal. Ils me demandaient s’il avait perdu son emploi. Ils l’aimaient bien, en fait, ce grand gourmet maladroit. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de le faire revenir, et ça semblait finalement logique et cohérent. Il est important que les personnages ne soient pas tout noirs ou tout blancs. Alors les gentils sont un peu croches et les méchants peuvent cacher du beau.
La discrimination raciale et sexuelle est abordée dans le livre, ainsi que la pauvreté et la protection de l’environnement, sans toutefois voler la vedette à l’intrigue pleine de rebondissements et aux illustrations dynamiques. Est-ce que ces choix de sujets se sont imposés naturellement ?
A.M. : Ce sont des thèmes qui me tiennent à cœur et je trouve important de les aborder, même s’ils doivent s’inscrire dans le contexte d’une enquête classique. En 2015, j’ai fait une résidence de trois mois à l’école Montcalm dans le quartier Saint-Michel à Montréal. C’est un quartier très multiethnique et j’ai côtoyé des élèves de plein d’origines qui se connaissaient depuis la maternelle. Je me suis rendu compte que Le Voleur de sandwichs présentait des personnages très blancs (je m’étais alors inspiré de l’école primaire où sont allés mes enfants, sur le Plateau-Mont-Royal). Il était temps d’ajouter de la diversité. Le thème de la pauvreté était déjà associé à Marie, je me devais donc de l’approfondir dans L’Alerte au feu. Il faut prendre garde de ne pas tomber dans les clichés ou de faire la morale, mais aborder ces thèmes et parler d’environnement me semble incontournable.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de placer l’histoire dans une école fermée pour cause de moisissure ?