Le bleu des garçons

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Tour à tour photographe, artiste numérique et performeur, ÉRIC LEBLANC ajoute une corde à son arc avec son premier livre, Le bleu des garçons. Les quatorze textes de ce recueil, qui passent allègrement de la prose à la poésie, puis au théâtre, mettent à l’avant-plan des personnages masculins qui s’aiment et se désirent, comme dans le magnifique long poème « L’amant », qui évoque, ne serait-ce que par son titre, l’univers de Marguerite Duras : « Je prendrai sa main / et aussitôt nous voilà dans sa chambre, / au pied du lit, sous sa douche, contre le mur / d’une ruelle, / dans la toilette du café. / Il sait que j’ai besoin de / ça. » Mais ces protagonistes finissent souvent par s’entredéchirer et s’autodétruire. Dans les faits, LeBlanc dépeint une masculinité profondément en crise. À la rigidité des modèles masculins dominants, il oppose la sensibilité, le doute, la remise en question des carcans anxiogènes et étouffants. Les fictions de cet ouvrage sont portées par une écriture ciselée et photographique : en peu de pages, et avec une économie de moyens plutôt rare en littérature, LeBlanc campe rapidement des atmosphères envoûtantes